Ecole Lisienne
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Une école à l'apparence normale pour des élèves anormaux. H/Y/Y
 
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Once Upon A Time [Rp Solo]

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Amy Crow
Amy Crow
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Points : 4745
Date d'inscription : 16/11/2011
Age : 28
Localisation : T'es flic ou quoi ?!?

Feuille de personnage
Classe :: Seconde
Race :: Télépathe
Orientation Sexuelle: Bisexuelle
Once Upon A Time [Rp Solo] Vide
MessageSujet: Once Upon A Time [Rp Solo] Once Upon A Time [Rp Solo] Icon_minitimeVen 9 Déc - 15:07

    « J'aurais aimé t'aimer
    Comme on aime le soleil
    Te dire que le monde est beau
    Et que c'est beau d'aimer. »


    Il était une fois. C’est ainsi que commence tous les contes. Chacune de ces histoires pour enfants est sujet de fées, de princesses, de crapauds, de sorcières aussi. À la fin, l’épilogue est toujours des plus idylliques, d’ailleurs la phrase revenant le plus souvent est « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. ». Vraiment ? Malheureusement, la vie réelle, elle, ne ressemble en rien à cette fiction plus qu’alléchante. Morne, triste, sans âme. Voilà les quelques mots pouvant résumer le véritable monde dans lequel Amy – notre princesse à nous – vit. Rien de bien joyeux, avouons-le. Pourtant, il n’est pas rare de constater quelques points communs entre ces deux univers. Le Mal est omniprésent. Sous la forme d’une vilaine sorcière dans l’un, sous l’aspect d’un être n’ayant que la forme d’humaine dans l’autre. Tant de ressemblance, mais tous différents. Et si chacun des Hommes de la vraie vie était un personnage de conte de fées, quel serait-il ? Le mauvais rôle pour Zoey : la sorcière sans hésitation aucune. La princesse – comme nous l’avons dit un peu plus haut – pour la télépathe à la crinière brune. Un ignoble dragon à pourfendre pour la voisine de chambre de la lycéenne et, sans oublier, le beau prince pour le demi-frère de la demoiselle. Tous les rôles sont distribués. Tous ? Non, certains restent encore dans l’ignorance. Des noms ? Patience. Bientôt, vous en saurez bien assez pour refaire l’Histoire.

    Un bref regard vers l'extérieur suffit à lui donner le vertige. Ses paupières clignaient, le reflet que lui renvoyait la vitre sale n’avait rien de plaisant. Des cernes maculaient ses yeux, sa peau semblait avoir grand besoin d’un coup de gant de toilette. En observant ses cheveux nécessitant d’être coupés, elle soupira. De pire en pire. Les pointes fourchaient affreusement, depuis combien de temps sa coupe s’était-elle détériorée à ce point ? Elle passa ses mains tremblantes dans les mèches hirsutes qui lui barraient le front et se détourna de la fenêtre. Contempler le monde extérieur ne lui apporterait rien de bon. D’ailleurs, il n’y avait presque personne dehors. Nulle âme errant sans but dans ce lycée. Normal, toute personne sensée était en cours. La seule exception était Amy. L’excuse ? Aucune de valable. Elle n’était juste pas dans son assiette. Zoey ne l’avait en rien influencée. La petite ne s’était toujours pas remise du drôle de voyage qu’elle avait effectué la veille. Si seulement elle n’avait jamais mis les pieds dans cette église. Si seulement elle n’avait jamais fouillé les souvenirs de cette fille. Si seulement elle n’avait jamais écouté les paroles réconfortantes de Zoey. Tant de « si » mais au final, le résultat était le même.
    Au fond, elle savait qu’elle avait tort de rejeter la faute sur autrui. C’était elle qui n’était pas prête pour endurer cela, voilà tout. Voir la vérité en face l’avait profondément affectée. La nuit qu’elle venait de passer était des plus horribles. Un songe qu’elle n’oublierait pas de sitôt. Elle ferma les yeux, battant des cils pour essayer de chasser ces mauvais souvenirs. En vain. Tout cela était ancré en elle. Elle ne s’en débarrasserait pas tout de suite. Il lui faudrait du temps. Beaucoup de temps. Encore fallait-il espérer qu’elle puisse un jour oublier tout cela. Chose dont elle doutait énormément. Elle rouvrit les yeux soudainement, avec la nette envie de vomir. Inspirer. Expirer. Retrouver son souffle. La main sur son cœur, son rythme cardiaque semblait s’être apaisé. Mais combien de temps encore la bête au fond d’elle sommeillerait-elle ? Elle était réveillée, Zoey l’avait prévenue. Bientôt, elle se ferait happée par des forces qui la dépassaient. Elle avait eu droit à un léger avant-goût l’autre soir, avec cette fille aux reflets roux. Son Autre l’avait incitée à retenter l’expérience. Amy avait été catégorique et sa réponse se résumait à un seul mot : non. Zoey avait redoublé d’arguments pour la faire changer d’avis. Rien n’y avait fait. Une fois campée sur ses positions, il était rare que la lycéenne retourne sa veste. Pourtant, il existait quelques exceptions. Mais jamais, oh grand jamais, elle ne solliciterait à nouveau son pouvoir de cette manière.
    Les images défilaient encore sous ses yeux. Non, plus que des images. Des sensations. Des sons. Des sentiments aussi se mêlaient au tout, formant une bien curieuse recette des plus amères. Elle entendait encore la musique adorable de fête foraine, ses narines se rappelaient toujours la savoureuse odeur de barbe à papa et puis l’autre odeur. Celle de la Faucheuse venant chercher son dû. Les sanglots avaient alors retenti. Tout le monde avait comprit. Il était trop tard. Bien trop tard. La Mort était déjà passée. L’espoir avait grandit dans la foule lorsqu’une pulsion cardiaque était apparue. Puis, plus rien. L’espoir s’était dissipée aussi vite qu’il était apparut. Les larmes salées avaient coulés sur de nombreuses joues opalines pâles suite au froid. Amy aurait juré avoir sentit l’une de ces perles coulaient le long de sa peau. Mais peut-être avait-elle juste imaginé ce dernier détail. Pourquoi aurait-elle pleuré pour une personne qui lui était totalement inconnue ? Peut-être pour la même raison qui l’avait poussé à verser des larmes pour cette fille. Même si elle était un « monstre », elle restait tout de même une humaine. Voilà tout. Son cœur lui dictait de compatir à la peine de cette fille. À la peine de tous ces êtres. Si elle avait pu, sûre qu’elle se serait mise à verser toutes les larmes de son corps pour des parfaits inconnus. Aurait-ce été une bonne ou une mauvaise chose ? Nul ne le sait.

    Elle ouvrit la fenêtre. Le souffle glacial du froid de novembre s’engouffra à travers l’espace. L’air frais lui fit le plus grand bien. Au moins cela lui permit de remettre un peu d’ordre dans ses pensées. Faire le tri. Elle ne crachait pas dessus. La brise vint balayer ses mèches éparses, lui chatouillant l’oreille pour finalement rafraîchir son visage entier. Difficile de croire qu’elle arriverait à tout oublier dans de telles conditions. Zoey était en permanence sur son dos – ou plutôt dans sa tête – et ne cessait de lui faire du chantage. Que faire ? La seule issue était la mort. Malheureusement, Amy était bien trop faible pour oser agir ainsi. Le regard qu’elle jeta à ses bras mutilés lui revigora des souvenirs tous plus cruels les uns que les autres. Impossible de se suicider. Pourtant, il était si facile de laisser la lame du couteau lui entaillait les veines. Elle ne souffrait plus lorsqu’elle sentait l’acier fendre la chair. Au contraire. Elle commençait même à en éprouver du plaisir. Voilà quelle était sa came. Le masochisme.
    Etait-ce cela son destin ? Etait-elle prédestinée à souffrir éternellement ? Elle refusait d’y croire. On avait toujours le choix. Elle n’avait pas fait les bons, voilà tout. Désormais, elle s’en mordait les doigts. Faire machine arrière ? Difficile. Elle ne voyait pas comment se sortir de ce guêpier. Zoey était une partie d’elle. Elle devrait vivre avec. Pour toujours. Peut-être pourrait-elle tirer parti de cette alliée inespérée ? Trop dangereux. Si son Autre connaissait la moindre de ses pensées, les rôles ne s’inversaient pas. Que souhaitait-elle réellement ? Elle ne cessait de se répéter la même question depuis la veille mais aucune réponse ne se formait sur ses lèvres.

    Penchée vers le vide, elle faillit basculer. La fatigue fut sur le point de l’emporter lorsque la voix forte de Zoey retentit « Attention ! ». Elle ouvrit les paupières in extremis, les yeux flous et fatigués. Elle se frotta les yeux avant de refermer la fenêtre. Depuis combien de temps n’avait-elle pas fait une nuit complète ? Cela lui semblait être loin. Si loin. Une éternité qu’elle n’avait pas rêvé d’autre chose que de ces maudits cauchemars. Tous traitaient du même sujet. Rien de bien gai, à vrai dire. D’autant plus que ce qu’elle avait vécu hier à l’église ne l’avait pas aidé à trouver le sommeil. Au contraire. Ses cauchemars s’étaient amplifiés, ne lui laissant que très peu de repos. Elle avait passé sa journée à dormir en classe. Serait-elle à nouveau convoquée chez un pion ? Sans doute. De toute façon, elle n’avait plus peur d’eux. Son Autre était là. Même si elle n’était pas très douce envers elle, Zoey possédait de nombreuses ressources. Elle devait lui accorder sa confiance. Au moins n’aurait-elle plus rien à craindre.

    Dormir. Voilà la chose sensée qu’elle devait faire. Elle ne cessait de se répéter encore et encore qu’elle n’avait pas sommeil. C’était un mensonge. Ses paupières se fermaient d’elles-mêmes, elle avait faillit chuter telle une pierre si elle n’avait pas été réveillée en temps. Il fallait qu’elle voit la vérité en face : cette histoire d’église la travaillait. Si seulement il n’y avait que cela.
    Elle se détourna de la vitre pour s’asseoir sur son lit. Elle posa les yeux sur sa table de nuit et y découvrit un livre corné où la poussière lui chatouillait les narines. Elle éternua trois fois de suite. Elle épousseta la reliure du dos de sa main avant de souffler sur la saleté. Le nom du recueil réussit à lui arracher un sourire. Les Contes de Grimm. Amy feuilleta rapidement le livre, lisant en diagonal. Ce bouquin avait bercé son enfance. Elle ne se souvenait même plus l’avoir emporté avec elle dans ce pensionnat. Elle s’arrêta finalement sur l’histoire de la Belle au Bois Dormant. Combien de fois avait-elle souhaité devenir cette fabuleuse princesse ? Tous les contes de fées font rêver les enfants. Même les plus grands ayant passé l’âge pour ces enfantillages. Elle en lu quelques lignes, bercée par l’écriture envoûtante de l’auteur. Ce n’était pas de la grande littérature, certes. Pourtant, elle tressaillait à chacun des mots. Chacune des syllabes s’imprimaient dans son esprit. À peine fut-elle à la moitié du texte qu’elle ne connaissait déjà une bonne partie par cœur. Voilà l’un des avantages lorsque l’on fait du théâtre depuis longtemps déjà. Ses facultés mémorielles s’en retrouvaient décuplées. Elle était déjà capable de réciter le texte de chacun des personnages présents. Ses yeux se perdirent entre les phrases de Grimm. Elle ne tenait plus le coup. La tête reposant sur l’oreiller, elle dormait à poings fermés, le livre entrouvert sur l’histoire de la Belle au Bois Dormant.

    Le rêve commença sans qu’elle n’ait rien demandé. C’était toujours ainsi. Elle se préparait toujours au pire. Pourtant, il lui était impossible d’imaginer l’imaginable. Le sommeil la guettait depuis si longtemps, elle avait enfin rejoint les bras de Morphée. Tout se déroula si vite. Le miroir, une nouvelle fois. La voix de Zoey la menaçant d’en finir si elle n’écoutait pas. L’explosion de la glace. Les débris maculés de sang. Exactement comme dans ses souvenirs. Rien n’avait changé. Toujours ce même cauchemar qui hantait chacune de ses nuits.
    Tout changea bien vite. Du songe habituel, elle se retrouvait en plein extérieur. Les massifs de fleurs bordaient chacun des côtés du lieu dont elle ignorait tout. Elle voulut en faire le tour, pourtant ses jambes refusèrent de lui obéirent. Ses yeux se posèrent sur chacune des personnes se tenant là, sur le seuil du bâtiment. Qu’était-ce donc ? Ses pas s’empêtrèrent dans les plis de sa robe. Noire. Elle manqua de tomber. Chose exceptionnelle, elle portait des talons. Jamais elle n’en avais mis mais savait marcher avec comme si elle s’était entraînée il y a de cela longtemps. Zoey ? Où était-elle ? Elle avait beau se concentrer, elle ne ressentait pas la présence de son Autre. Elle voulut ouvrir la bouche pour hurler son nom mais rien ne sortit. Ses lèvres étaient scellées. Elle n’avait jamais été séparée de ce monstre qui partageait son corps avec elle. Elle ne comprenait rien. Même en rêve, Zoey était présente d’ordinaire. Là, il n’y avait rien. Rien d’autre que le vide. Elle se sentait seule. Ce n’est qu’au bout de ce qui lui parut une éternité qu’elle remarqua enfin la présence étrangère. Quelqu’un d’autre. Elle n’était donc pas totalement seule. Cette présence inconnue la rassura. Mais une question la taraudait : était-elle à la place de Zoey ? Ressentait-elle ce que son Autre ressentait mais dans le corps d’une autre personne ? Difficile de trouver les réponses à ces questions dans une telle position.

    C’est alors qu’elle s’en rendit compte. Tous étaient vêtus de noir, des robes, des tailleurs, des costumes tous plus sombres les uns que les autres. Sa gorge se noua. Elle avait déjà deviné la symbolique de cette couleur. La mort. L’ombre de la Faucheuse rôdait dans les parages. Elle avait même déjà sévit. Si seulement elle avait regardé son reflet dans une glace, elle aurait tout de suite comprit qui elle était. Mais il n’y avait rien de tout cela, ici. Elle fit un pas, puis un autre. Elle sentait la tension qui régnait au sein de cet esprit, la tristesse qui l’habitait. Avancer vers ce bâtiment était des plus difficiles. Un nouveau départ, voilà ce que cela annonçait.
    Elle entra dans le bâtiment, la gorge en feu. Les bancs étaient déjà pris d’assaut par bon nombre de gens. La famille sans doute, les amis aussi. Elle chercha une place libre et en repéra une assez facilement. Une autre fille vint s’asseoir à côté d’elle, les yeux gonflés, le nez rouge. Elle lui parla mais Amy n’entendit qu’une voix sourde et lointaine. Elle ne faisait pas attention à cette inconnue. Elle voulait comprendre ce rêve. Tout cela avait l’air si réel. Pourtant, ce n’était qu’un cauchemar de plus.

    La cérémonie commença. Elle sentit les larmes coulaient, sans qu’elle ne puisse rien faire pour les arrêter. Ce n’était pas sa tristesse à elle qui s’exprimait mais celle dont elle était piégée dans le corps.
    La jeune fille se glissa entre les gens, arracha ses lunettes et tomba à genoux. Elle bascula sa tête en arrière et ferma les yeux. Son crâne cogna le mur. Une fois, deux fois, trois fois. La chaleur la suffoquait. Elle sentait son corps s’effondrer, s’ouvrir en un trou noir, aspirer sa conscience dans cette faillite. La tête entre ses mains, elle éclata en larmes. Avec une violence inespérée. C’était la première fois, depuis l’accident, que son corps lui accordait cette libération. Ses muscles se dénouèrent, ses nerfs se relâchèrent. Les sanglots la suffoquaient, le chagrin l’asphyxiait mais elle sentait aussi s’ouvrir en elle un soulagement, une sourde jouissance, comme une fleur néfaste qui annonçait l’ultime apaisement. Elle savait qu’elle ne survivrait pas sa mort. Ce garçon avait été sa dernière chance. S’il disparaissait, elle renoncerait à survivre. Ou ce serait sa raison qui volerait en éclats. D’une manière ou d’une autre, elle sauterait le pas.
    Tous la regardaient. Elle ne s’en souciait guère. Seule sa peine l’importait véritablement. Les membres de la famille étaient déjà réunis autour du corps. Elle, elle était restée à l’écart, craignant de se mêler à la foule. Elle devait se confronter à cette vision. Mais que souhaitait-elle ? Emporter avec elle comme dernier souvenir une image souriante et bienveillante de son meilleur ami ou bien une autre, plus fade et plus triste aussi ? Souhaitait-elle réellement observer ce cadavre dans le blanc des yeux ? Il n’aurait plus rien du garçon qu’elle avait connu autrefois. Des semaines plus tôt, elle bavardait gaiement en sa compagnie, s’amusait avec lui, le charriait pour un rien. De bons souvenirs.

    Elle trouva finalement la force de se lever, les joues maculées de larmes. Pendant les quelques mètres qui la séparaient de ce jeune homme, elle crut ne pas parvenir au bout. Pourtant, après maintes efforts pour ignorer le regard interrogateur de la foule, elle réussit à oublier ses doutes et à emporter avec elle un énième souvenir de ce lycéen qui resterait à jamais gravé dans sa mémoire. Dans son cœur, aussi. Elle sentait sa présence autour d’elle, ne le voyait pas mais sentait son souffle rauque sur sa nuque. Etait-ce le vent ou simplement une illusion liée à la fatigue et à la souffrance qu’elle venait d’endurer ces derniers jours ? Ces semaines, même.
    Elle posa ses mains sur le cercueil avant de commencer à caresser le bois du bout des doigts. Elle fit ce geste tout en remontant, la tête haute regardant l’horizon. Elle n’avait toujours pas posé un regard sur ce corps sans vie. Aurait-elle la volonté nécessaire pour aller au bout ? Elle ne flancherait pas, elle le savait. Pas maintenant.
    Elle ferma les yeux. L’espace d’un instant, tout lui revint en mémoire. Les voyages en sa compagnie, les éclats de rire partagés ensemble, les chagrins traversés, toujours prêt à s’épauler l’un et l’autre. Tout sans exception. Ce fut comme si elle vivait sa vie une seconde fois mais en accéléré cette fois-ci. Sa vie passée à ses côtés. Cette vie qu’elle ne frôlerait plus jamais. On venait de tout lui prendre. Que lui restait-il ? Il était tout pour elle, et bien plus encore. Les mots ne pourraient jamais exprimer cette relation si particulière qui unissait ces deux êtres aux caractères des plus distincts. Pourquoi lui prenait-on tout ce qu’elle avait de plus cher ? Elle aurait pu donner sa vie pour lui, si cela avait pu le ramener. Mais de tels échanges étaient impossibles à négocier. Plus douloureux encore que la mort, vivre avec cette absence flottant éternellement au-dessus de ces têtes perdues.

    Finalement, lorsqu’elle rouvrit les yeux, ce fut pour contempler ce corps raide et immobile. Les paupières closes, il semblait dormir. Dans une telle posture, il ressemblait à un ange. Un ange tombé du ciel uniquement pour elle. Sauf que c’était l’inverse. Ce chérubin-ci, ne descendait pas mais montait vers les étoiles. Elle retrouverait son ange. Un jour. Le jour où elle s’y attendrait le moins, sans doute. Elle caressa la peau claire du garçon tout en souriant. Les perles coulaient toujours le long de sa chair, telle une cascade incontrôlable. Les flots se déversèrent. Immuables. Elle sentit les murmures s’éternisaient dans son dos pourtant, elle souhaitait rester avec lui. Pour l’éternité. Mais cela était impossible. Elle devait s’y résoudre. Le quitter. Le laisser partir. Elle sanglota encore et repéra quelques regards pressants se posant sur elle. Mieux valait qu’elle se dépêche. Il ne fallait pas les faire attendre. Elle replaça l’une de ses mèches rebelles en place avant de poser ses lèvres contre le front translucide du jeune homme. Le contact la fit tressaillir. Sa peau était glaciale. Elle aurait dû s’y attendre. Elle observa le maître de cérémonie clôturer le cercueil. Adieu, beau prince.
    La boîte de bois avança en direction de la fournaise. Mieux valait ne pas regarder. Voir un corps lécher par les flammes pour disparaître à jamais n’était pas ce qu’elle voulait. Pourtant, une part d’elle-même souhaitait trouver la force d’affronter cette énième épreuve. La dernière. Le cercueil disparut entre des flammes orangées, décimant le cadavre ainsi que le tombeau. Tout était finit. Elle sortit un mouchoir et s’essuya les yeux avec. Elle ne le reverrait plus jamais. Si seulement il était possible de faire marche arrière. Si seulement elle avait prêté davantage d’attention au temps passé avec lui. Si seulement cette tragédie n’avait jamais eu lieu. Tous sortirent du crématorium. La petite brune les suivit d’un pas lent, jetant un dernier regard derrière elle.

    La pluie se mêla à ses larmes. Pourquoi, en de tels jours, le temps était-il si détérioré ? Aussi maussade que sa propre humeur. Elle inspira profondément et se dirigea vers un groupe de filles qu’elle connaissait bien. Toutes étaient dans la classe du défunt. Les pleurs étaient au rendez-vous, ici aussi. Leurs larmes se rejoignirent en ce cercle vicieux. Elles pleurèrent longuement. C’était tout ce qui comptait à leurs yeux : libérer cette peine qui ne demandait qu’à être exprimé. La refouler ne servirait à rien. Une fois que les larmes auraient toute jaillies, enfin elles seraient libérées. Mais ce soulagement serait leur récompense. Il leur faudrait du temps pour pouvoir acquérir enfin cette harmonie qui n’était encore que pure utopie.
    Des accolades furent partagés, des sourires discrets furent échangés. L’heure n’était pas aux réjouissances. Pourtant, chacune de ces filles essayaient de faire bonne figure. Un défi impossible à relever en cet instant. Certaines hurlèrent en se ressassant le départ du cercueil emportant à jamais ce corps si jeune. D’autres essayaient de remonter le moral de chacune en glissant quelques blagues plus ou moins drôles. Mais l’humour se révélait impassible face à ces âmes en peine. Rien ne pouvait leur rendre leurs sourires. Sauf peut-être, le retour du défunt. Mais toutes savaient que cela n’arriverait pas. Les miracles n’existaient pas. Dieu lui-même les avait abandonné ou du moins, les avait-il puni en prenant cette âme bien trop tôt. Trop tôt et si jeune. La sensation d’une injustice ne quittait pas leurs esprits. Une seule question les hantait : pourquoi ?

    La jeune fille se détacha du groupe, comprenant que la compagnie lui faisait plus de mal que de bien. Elle s’isola dans un coin et observa chacune des personnes présentes. Pourraient-ils un jour tout oublier ? Cela lui était impossible. Un rien lui rappelait ce garçon. Ses anciens amis qu’elle verrait dès le lendemain en cours et qu’elle voyait ici-même. Une chanson qu’il lui avait fait découvrir, en bon amateur de son qu’il était. Des paroles échangées. Un voyage inoubliable dans un parc d’attraction dans lequel il ne pourrait plus jamais mettre les pieds sans pleurer une nouvelle fois. Sa vie avait changée depuis le décès de ce jeune homme qui était tout pour elle. Il l’éclairait dans les moments difficiles, la faisait rire lorsque la tristesse la submerger. Complémentaires l’un pour l’autre. Jamais, elle n’en retrouverait un comme lui. Malheureusement, ce n’est que lorsque l’on perd un être que l’on se rend compte à quel point on l’aimait. Cette certitude lui sautant aux yeux lui fit mal. Elle ressentit une douleur méconnue dans la poitrine. Un peu comme si l’on venait de lui briser le cœur en mille morceaux. Si seulement elle avait pu le rejoindre, ici et maintenant. Son absence lui était insoutenable.
    Elle essuya les dernières perles roulant sur ses joues avant de se lever, les drapés de sa robe flottant au grès du vent. À cet instant précis, elle ressemblait elle aussi à un ange. Un ange dépourvu d’ailes mais vêtu de noir. Un ange à l’auréole invisible mais planant au-dessus de sa tête. Lorsqu’elle s’en alla pour dire au revoir à la famille et aux amis, elle faillit fléchir à nouveau. Elle réussit à garder ses larmes pour elle, une fois qu’elle serait totalement seule. Attendre. Voilà, ce qu’il fallait qu’elle fasse. Elle les embrassa avant de rentrer chez elle en compagnie de ses parents. Aucun miracle n’avait eu lieu. La dernière page venait d’être tournée.

    Les yeux entrouverts, Amy fixait le plafond. Elle n’en croyait pas ses yeux. Que lui était-il arrivé précisément ? Elle jeta un coup d’œil à sa montre : 17h00. Elle avait dormie pendant un peu plus de deux heures. Elle posa le bouquin qui était entrouvert sur sa table de chevet. Par réflexe, elle regarda le lit d’à côté. Vide. Il était encore trop tôt pour que Cocaïne soit là, sans doute était-elle en train d’écumer les bars, à cette heure-ci. Elle se gratta la tête, mal à l’aise. Ses pensées étaient encore floues, il lui fallait réfléchir à ce qu’elle venait de voir. Comprendre les images qui défilaient encore sous ses yeux humides. Voilà un souvenir de plus à ajouter à sa collection qui était déjà des plus longue.
    Elle fit les cent pas dans sa chambre misérable. Etait-ce la réalité ou juste un rêve ? un rêve des plus réels, alors. Elle était devenue cette fille. Elle l’avait comprise. Elle avait eu accès à chacune de ses pensées et avait pu voir à travers ses yeux. Elle ne comprenait rien. Etait-ce son don de télépathie qui lui avait permis d’accéder à une telle scène ? Elle voulut interroger son Autre mais se ravisa. Elle était grande, désormais. Elle pouvait bien trouver les réponses à ses questions toute seule. Au moins savait-elle ce que Zoey ressentait, lorsqu’elle était à sa place. Elle se dirigea vers la salle de bain, alluma le robinet et s’aspergea le visage d’eau froide. Voilà de quoi lui remettre les idées en place.
    Faire le point. Tout en se débarbouillant, elle observa son reflet dans le miroir. Que voyait-elle ? Une jeune fille fatiguée de vivre, fatiguée de voir la vie de chacun, fatiguée de pouvoir comprendre aussi aisément les autres. Elle posa ses yeux sur le rasoir puis sur ses avant-bras. Pas cette après-midi.

    Elle sortit de la salle d’eau et s’adossa contre le mur, tête entre les mains. Elle sanglota alors en silence. Elle n’aurait jamais dû assister à cette cérémonie. Cela ne la regardait pas. Cela concernait la vie privée de cette jeune fille, voilà tout. Les yeux verts thé lui revinrent en mémoire. Elle ne put s’empêcher de trembler, non pas de froid mais de peur. Devait-elle aller la voir ? Elle ne savait rien d’elle. Elle ne l’avait rencontrée qu’une seule fois, à l’église. Sans doute n’y remettrait-elle jamais les pieds. Une fois son deuil fait, elle n’aurait plus aucune raison d’aller prier. « Zoey… Zoey, aide-moi. Je t’en supplie. J’ai peur. De plus en plus peur. Je ne me comprends plus. Je suis un monstre, voilà tout. » Silence. Il était rare que son Autre la laisse dans l’indifférence des plus totales. Peut-être n’avait-elle pas apprécié être ainsi délaissée. L’impression que Zoey ne savait rien de cette vision funeste lui serra la poitrine. Etait-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Sans doute s’en préoccuperait-elle plus tard. Mais si tel était le cas, elle se devait de garder tout cela secret. Cette jeune fille ne lui avait pas révélé cela pour qu’elle en parle au premier venu. Elle alla chercher le rasoir, jura sur cette lame qu’elle ne trahirait jamais sa parole envers cette adolescente et laissa l’acier faire son travail.

    Il est un monde où les crapauds se transforment en Prince Charmant au contact d’un baiser d’une douce et jeune princesse, où les dragons se voient pourfendés leurs corps parsemés d’écailles d’un simple coup d’épée, où les fées veillent sur chacune des damoiselles de la contrée, où les sorcières – aussi hideuses soient-elles – échouent à chaque nouvelle histoire. Il est, dans ce même monde, une lumière éternelle et les ombres distantes. L’horreurs refluent à petits pas pour disparaître entièrement une fois la dernière page tournée. Les happy end existent car la plupart des vœux se voient exaucés. Voilà quel serait le meilleur des mondes parfaits. Malheureusement, la réalité et la fiction sont deux choses totalement différentes, s’entremêlant de temps en temps pour offrir à chacun un cocktail des plus étonnants. Ce qui était préférable ? La question ne se posait même pas. Chacun possédait sa propre réponse, bizarrement, si chaque réplique différait, toutes se rejoignaient pour former une seule et même vérité.
    La réalité est bien différente de ce tableau idyllique dépeint ci-dessus. Le monde dans lequel ces êtres aux histoires atypiques et pathétiques vivent est empreint de guerres, de mélancolie. L’ombre errante de la Mort plane perpétuellement au-dessus de leurs têtes. Voilà avec quelles menaces ils doivent apprendre à vivre. L’histoire de chacun ne vaut pas la peine d’être lu séparément. Qui se soucierait d’une pauvre enfant atteinte de schizophrénie que tout le monde délaisse parce que l’inconnu est effrayant ? Qui prendrait le temps d’écouter, de comprendre même, la peine qu’une jeune fille peut endurer en perdant l’un de ses proches ? Qui prendrait un peu de son temps pour écouter l’une de ces personnes ? Personne. Ces histoires contées séparément sont d’un ennui profond. La désolation, les boucheries sans nom sévissant un peu partout sur la planète et les décès d’enfants à peine adolescents émeuvent davantage les Hommes qu’un de ces contes véridiques empreints d’une profonde mélancolie. La réalité effraye l’espèce humaine dite « civilisée ».

    Pourtant, si tel était le cas, ces êtres ne tourneraient pas le dos à leurs semblables en détresse. Est-ce la peur qui les pousse à agir ainsi ? Personne ne possède la réponse. Eux-même ignore tout de leur « moi » profond. Tous les contes pour enfants ne sont que mensonges. Depuis toujours, l’Homme grandit en croyant connaître la vie. En vérité, il n’est que poussière dans un univers qui le dépasse. Sans doute l’avez-vous compris, l’espère humaine est à l’honneur. Une humaine. Voilà qui est cette fille du crématorium, de l’église aussi. Pourtant, personne ne pourrait la blâmer pour son passé, ce deuil poignant et saisissant. Les siens lui ont juste tournés le dos. Voilà tout. Lorsqu’il n’y a plus personne pour vous épauler, lorsque vous perdez foi en la vie elle-même, que faire ? Oublier ? Faire avec. Réapprendre à vivre, tout simplement. Plus facile à dire qu’à faire. Tout plutôt que de devenir un fantôme de la civilisation. Ces humains-ci ne sont pas beaux à voir. Ils se laissent mourir, perdent goût au plaisir de vie. Plus rien ne compte à leurs yeux si ce n’est de rejoindre la personne tant aimée, désormais absente. Pour l’éternité ? Non , tout n’est que question de temps. Si l’univers merveilleux des princes et des bonnes fées n’existent pas, il est un monde qui, lui, est bien réel. Un monde où le printemps est éternel, où les fleurs ne se meurent jamais et où les bonnes choses ne prennent jamais fin.
    Il était une fois deux êtes destinés à s’aimer pour toujours. Malheureusement, suite au mauvais sort d’une sorcière, le prince de la jeune damoiselle s’éteignit du jour au lendemain. Laissant la jeune et belle princesse seule, la jeune fille n’eut pas d’autres choix que d’avancer pour surmonter cette épreuve. Entourée de cette semblable, elle réussit à faire preuve de courage et cessa une bonne fois pour toute de pleurer son prince. Elle mit énormément de temps à s’en remettre mais lorsque le moment fut venu, elle était prête. Elle ne cessa jamais d’oublier son passé mais réussit à entrevoir son futur. L’avenir est effrayant, c’est pour cela qu’il est coutume aux Hommes de se réfugier dans leurs souvenirs, aussi douloureux soient-ils. Voilà quel serait le conte de fée que j’écrirais si il m’en était permis.

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