J’aime le mardi. Surement plus que le weekend ou les autres jours de la semaine. Pourquoi, me demanderez-vous. Et bien il s’agit de la seule journée où je n’ai que deux cours, et rien d’autre de toute la journée. Je ne passe pas ma journée à rien faire, mais presque ! Et en plus quels cours ! Du théâtre… Surement le cours que je préfère. Peut être parce que les élèves ne le détestent pas, comme mes autres matières…

Je n’avais donc cours que dans l’après midi, j’avais fini mon petit déjeuné, et avais décidé de prendre du temps dans la célèbre salle des professeurs, afin de corriger des copies. Je les corrigeais ici pour la simple raison que dans ma chambre, je n’aurais jamais la tête à ça, dans la bibliothèque c’est lugubre, la cantine c’est suicidaire, et en étude… Il y aura toujours des curieux pour venir voir les notes dans mon dos.

C’est fou ce que les élèves sont curieux, curieux de tout savoir sur les notes de autres, afin de se faire une opinion sur eux. Mais quel intérêt dites moi !? Comme par exemple aller se bourrer la gueule à quinze ans, mais quelle idée ! Je ne comprends pas les jeunes d’aujourd’hui, vraiment. On doit vraiment me prendre pour un vieux des fois… Ça tombe bien ! Je le suis !

Donc. J’étais assis à la table des professeurs, un café à coté de mon tas de feuilles, emmêlées les unes dans les autres. Je n’avais pas le don du rangement, il suffisait de regarder ma chambre en même temps. Je plaints mon colocataire en fait… Pauvre Arthur, devoir esquiver un capharnaüm non identifié pour atteindre le lit… Ça craint.
J’étais sur les copies de ma classe, les terminales, sur un bon thème de philosophie. Le bonheur dans le monde, ce n’est pas beau comme sujet ? Un comme je les aime bien.

Mais qui dit temps libre, dit paresse. Et c’est une grande maladie, je peux vous le confirmer ! Elle touche aussi bien élève que professeur ! Je me balançais alors sur ma chaine, regardant le plafond blanc.

Pourquoi tout les plafonds sont blancs ici ? Faudrait varier dans les couleurs…

La porte s’ouvrit alors, provoquant un courant d’air. Mes feuilles en profitèrent pour s’échapper dans la pièce. Ha ba j’étais bien avancé maintenant… Je regardais mes feuilles, avec l’air de celui qui n’avait pas vraiment compris ce qu’il venait de se passer.

C’était un jeune homme qui était rentré. Cheveux verts, yeux verts… Un original en somme. Je crois que je l’ai croisé en première… Il avait fait voler toutes mes feuilles, mais les avait très vite ramassées. Pourtant, il semblait chercher quelqu’un d’autre juste avant…

Puis soudain, il les relâcha. Il lui arrivait quoi maintenant ? Il n’allait pas tomber dans les pommes ?! Je me relevais à la hâtes pour voir ce qui n’allait pas. Ba oui, je suis un professeur consciencieux ! Je suis toujours au service de mes élèves ! Vous croyais quoi ?

« -Ça va gamin ? Tu veux aller à l’infirmerie peut être ? »

Comment ça je cherche une excuse pour aller à l’infirmerie ? Ouais bon, j’ai bien envie d’y aller pour la simple raison qu’il y est aussi, mais c’est avant tout pour l’élève, n’est ce pas ?

Je lui attrapais le bras délicatement, mais fermement à la fois, ne voulant pas qu’il s’écroule sur le sol. C’était bien la première fois que cela m’arrivait ici. Jamais un élève ne s’était encore évanoui durant ma classe ou devant moi à mon souvenir. Mais qu’est ce qui avait bien pût le mettre dans cet état ?

Il ne faisait ni chaux ni froid, une température correcte pour l’époque. Et il n’y a pas d’odeur particulière… Il doit être malade…

Je l’asseyais sur la chaise que j’occupais un peu plus tôt pour aller chercher un verre d’eau à la machine. Je le lui tendis en souriant.

« -Bois ça. Je sais pas ce qui t’arrive, mais ne me refait pas un coup comme ça ! »

Je m’asseyais sur la table, après avoir ramassé vite fait les feuilles qui trainaient par terre. Je les trierais surement après, quand l’élève ira mieux ou sera parti.