Ecole Lisienne
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Une école à l'apparence normale pour des élèves anormaux. H/Y/Y
 
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Parce que chaque Etoile porte un Nom [Rp Solo]

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Amy Crow
Amy Crow
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Parce que chaque Etoile porte un Nom [Rp Solo] Vide
MessageSujet: Parce que chaque Etoile porte un Nom [Rp Solo] Parce que chaque Etoile porte un Nom [Rp Solo] Icon_minitimeSam 26 Nov - 17:52

    « Nos cœurs en sang
    Et nos âmes en paix
    De l'Amour dans les yeux
    On montera au ciel »

    Insensible à la morsure glaciale du vent, Amy cheminait en silence, faisant abstraction du monde qui l’entourait. Seuls ses pas comptaient. La voix de Zoey résonnait dans son crâne. Elle lui murmurait des drôles de choses dont elle ne comprenait pas tout à fait le sens. Elle ne se forçait pas non plus pour se concentrer sur ce flot de paroles. Inspirer. Expirer. La marche à suivre était si simple, si facile. Trop peut-être. Elle ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil à ses avant-bras meurtris. Le sang avait coulé la nuit dernière. Elle venait d’essuyer une autre des colères de son Autre. Elle ne comprenait pas pourquoi Zoey la traitait ainsi. Qu’avait-elle fait de mal pour mériter un tel traitement de défaveur ? Rien, justement. C’était cela qui la mettait dans de telles fureurs. Si seulement la petite brune était obéissante envers celle qu’elle devait considérer comme son maître. Mais elle n’était pas ainsi. Être docile n’était pas pour elle. Elle n’obéirait jamais à ce monstre qui partageait son corps. Malheureusement, c’était plus facile à dire qu’à faire.
    Amy avait honte. Honte de ses actes. Honte de ce qu’elle était. Le fait qu’elle soit un phénomène de foire dissimulé aux yeux de tous grâce à son don n’était pas le seul problème. Elle était si faible, si influençable. Pourquoi s’était-elle laissée entraînée par Zoey ? Si seulement elle avait su remonter la pente à temps, son Autre n’aurait jamais vu le jour. Elle serait restée la même gamine joviale et innocente qu’antan. Mais la vie n’est pas un conte de fées. C’est la seule chose qu’elle a comprise avec le temps.

    Elle ne s’était même pas rendue compte qu’elle s’était arrêtée. Des élèves se pressant pour rejoindre leurs cours la bousculaient, l’injuriant au passage. Des larmes coulaient sur ses joues opalines. Alors, la seule personne qu’elle aurait aimé oublier lui murmura au plus profond de son être « Amy… Si tu fais ce que je te demande, tu n’auras plus rien à craindre. Je te le promets. » Une promesse de Zoey ? Qu’est-ce que cela voulait dire ? D’ordinaire, son Autre la traite comme un chien. Une moins que rien. Un simple objet sans valeur. Rien d’autre. Devait-elle prêter allusion à ses propos ? Non, l’ignorer. Cette fille n’était qu’une sale petite menteuse. Une peste passant son temps à proférer pour le Mal. Pourtant, une part d’Amy souhaitait être enfin heureuse. Pour cela une seule solution : retrouver Shiki. C’était ce qu’elle avait toujours cru. À deux, ils seraient bien plus forts pour lutter contre Zoey. Elle n’aurait plus jamais le contrôle de son corps. Plus jamais.
    Mais si elle se trompait ? Et si son demi-frère l’avait complètement oublié ? Il était loin désormais. Elle n’était rien pour lui. Rien du tout. Les sanglots la secouèrent de plus belle. Quelle idiote ! Elle n’aurait pas dû songer à lui maintenant. Zoey entendait tout. Elle devait bien rire de ses faiblesses, elle qui était si forte ! Céder à la tentation ? C’était si fort, si alléchant. Pourtant, elle ne devait pas écouter la voix du démon. Choisir le chemin de la facilité ne lui changerait pas la vie. Elle nourrissait de faux espoirs. Elle inspira profondément, essayant de se dépêtre du timbre lancinant et insistant de Zoey. Elle pouvait pas se taire, celle-là ? « Dirige-toi vers l’église. Je dois te montrer l’étendu de ton pouvoir. » fit-elle avant que le silence ne pèse lourd dans son crâne.

    Qu’avait-elle à perdre, après tout ? Ce n’était pas comme si elle allait l’écouter. Elle voulait juste aller en direction de l’église. Elle ne comprenait pas pourquoi mais peut-être pourrait-elle lui rendre ce service-ci ? Non, Zoey voulait tout. À peine Amy aurait-elle accédée à sa requête que son Autre la forcerait à faire des choses abjectes. Elle ferma ses paupières. Des images sombres défilèrent sous ses yeux. Elle se revoyait, le corps maculé de sang, les doigts tremblants, la lame se reflétant à la lumière de la lune. Assez ! Elle eut envie de hurler. Elle se souvenait de ce qu’un homme lui avait raconté. La technique du cri. Une thérapie primale. Elle n’avait jamais consulté de psychologues, pourtant elle avait entendu énormément de bien de cette façon de procéder. Crier pour renaître avec ses origines. Extraire ce que l’on possédait au plus profond de soi. Renouer avec ses origines les plus profondes ancrées en chacun de nous. Renouer avec une période se situant entre la naissance et l’enfance. Qu’y avait-il à explorer au plus profond de son être ? Son enfance lui était confuse, miroitante. Juste un souvenir vague. « Si c’est une blague, cela n’a rien de drôle » siffla t-elle à l’adresse de son Autre. Toutefois, elle se mit à marcher droit vers la paroisse. Elle n’était pas si éloignée que cela. Si elle pressait le pas, elle pouvait y être avant que les cloches ne sonnent une nouvelle fois. Elle se mit donc en route, anxieuse à l’idée de ce que pouvait bien lui montrait Zoey. Cela ne pourrait être pire que ce qu’elle lui forçait à commettre. Ces crimes hideux et abjectes. La bile lui monta dans la gorge. Elle du faire un effort surhumain pour ne pas gerber son déjeuner en songeant à ce qu’elle avait fait récemment. Tous ces innocents tués par sa faute. Elle ne pouvait éternellement rejeter la faute sur son Autre. Elle avait des responsabilités là-dedans, aussi triste cela soit-il. Si elle l’avait vraiment voulu, elle aurait pu dire non. Refuser les idées de Zoey. Mais elle avait commencé. Elle ne savait même pas pourquoi elle l’avait écouté. Une fois encore, elle se dirigeait droit vers la gueule du loup. Elle avançait telle une aveugle perdue dans l’obscurité. Un brouillard. Une véritable purée de pois. Rien n’était discernable.

    Elle n’était plus qu’à quelques mètres de la bâtisse désormais. Elle s’arrêta sans aucune raison, voulant graver chaque morceau de cet édifice dans sa mémoire. Chaque pierre était unique. Sublime. Elle leva les yeux en direction du clocher et avança vers la porte imposante en bois. Le contact avec le matériau la fit tressaillir. Le froid, sans doute. Toutefois, elle se ressaisit bien vite. Elle garda sa main posée contre la poignée du bâtiment. « Et maintenant ? » songea t-elle, légèrement agacée. Elle attendait la suite des indications. Développer son pouvoir ? Elle attendait de voir. La main figée sur le bois, elle commença à trouver le temps long.
    L’oreille contre la porte, elle fut prise de vertige. Que lui arrivait-il ? Elle s’assit sur les marches en pierre et se força à inspirer puis à expirer calmement. Retrouver son souffle. Haletante, elle essaya d’oublier ce qui l’entourait. Des voix plaintives provenant du bâtiment religieux s’emparait de son esprit. Zoey, elle, jubilait.

    - J’ai peur, Zoey. Je ressens la peine de chacune de ces âmes. Je ne suis pas prête pour être confrontée à cela. Il est encore trop tôt pour moi.

    Silence. Elle se leva, voulut faire demi-tour mais ses talons ne pivotèrent pas. Au contraire. Elle fit un pas, puis un autre. Sa main actionna la poignée de la porte. L’église se découvrit sous ses yeux ébahis. « Laisse-moi faire » entendit-elle. Son regard ne se posait jamais au même endroit. Elle observait les vitraux colorés, ne s’attardait pas sur l’un d’entre eux, passait vite au suivant. Une croix barrait le mur qui lui faisait face. Elle avait l’impression d’être une étrangère en ce lieu saint. Sa place n’était pas ici. Elle n’avait rien d’une chrétienne. D’autant plus que son âme était souillée par les pêchés. Elle s’avança entre les bancs, soudain prise d’affection pour ces humains priant à genoux, psalmodiant des litanies du bout des lèvres. Des vieillards, des nourrissons tétant encore le sein de leur mère ou même des petites filles qui réussirent à lui soutirer un sourire. « Ensuite ? » demanda t-elle. « Patience. Contemple chacune de ces âmes et préviens-moi lorsque tu auras pitié de l’une d’entre elles. » dit- elle d’une voix mystérieuse.
    C’était tout ? Elle devait juste fouiller dans le crane de ces imbéciles et elle en aurait finit de ce jeu idiot ? Trop simple. Amy s’en frottait les mains d’avance. Elle ne pouvait rêver défi plus facile. Elle se déplaça entre les allées, elle était la seule personne à ne pas être en deuil. Ici, tout le monde pleurait en silence. Elle, elle souriait. L’idée de devenir plus puissante encore en exploitant la tristesse de chacun n’était pas une raison suffisante à son bonheur. C’était son Autre qui aimait cela. Voir souffrir les autres était son passe-temps favori. Un suppôt de Satan. Voilà pourquoi la petite se sentait mal à l’aise en foulant ce dallage. Comment avait-elle pu amener un tel démon en ce lieu ? Elle se mordit la lèvre inférieure. Mieux valait qu’elle se concentre sur sa tâche, et rien d’autre.

    Plusieurs images éclatèrent dans sa tête. Des flashs qui défilèrent si vite qu’elle devait se concentrer pour en saisir ne seraient-ce que quelques bribes. La perspective de fouiller dans ces esprits ne lui disaient rien. Elle voulait saisir ces émotions si rares et si puissantes sur le vif. Sinon, cela n’en valait pas la peine. Au moins Zoey s’était-elle tut, laissant le calme régner dans les tréfonds de sa tête. Ce silence lui faisait le plus grand bien. Elle en avait bien besoin. Finalement, sa tâche était plus ardue que ce qu’elle n’en avait cru de prime. Cela lui apprendra, à se surestimer.
    Elle frôla une vieille femme aux rides profondes et aux cheveux claires. Elle était là pour le décès de son fils. Ce n’était pas logique. Amy pouvait très bien comprendre la peine qu’elle éprouvait. Le bon sens aurait voulu que ce soit cette vieille qui meurt en premier, et non son fils aîné. Elle se détacha bien vite de cette vision, sentant l’odeur de la mort dans les parages.
    Un garçon tenant un doudou à la main lui fit pitié. Il pleurait. Elle voulu s’approcher de lui, pensant avoir trouvé l’être le plus pitoyable qui soit. Ce serait lui sa proie. Pourquoi versait-il donc des larmes ? Elle était sur le point de le découvrir lorsque qu’un raclement de gorge la ramena à la raison. Zoey ne voulait pas de ce gamin. Mauvais choix. Elle s’en détourna, contemplant à nouveau les êtres lui faisant face. Tous semblables mais pourtant tous différents. Des humains, rien d’autre. Le cancer de cette Terre. Zoey les haïssait. Amy, elle, les trouvait attendrissant. Leur faiblesse était ce qu’elle admirait le plus en chacun d’eux. Où trouvaient-ils la force pour surmonter une épreuve aussi dure qu’un deuil ? La petite était ébahie devant les résolutions qu’ils prenaient. Aller de l’avant. Tous ces Hommes ici présent étaient venus pour se recueillir. N’était-ce pas là le rôle d’une église ? Très peu étaient chrétiens. Certains priaient mais la plupart gardait la tête haute, cachant leur peine derrière un masque de satin. Certains étaient le pilier des plus faibles. Lorsque l’un d’entre eux était sur le point de craquer ou même fléchissait un seul instant, un autre était là, prêt à le rassurer. C’était le cas aujourd’hui.

    Amy balaya du regard une nouvelle fois la salle. Elle ne savait pas sur qui son choix devait se porter. C’est alors qu’elle la vit. Isolée des siens, légèrement en retrait. Une cascade de cheveux bruns aux reflets roux lui obstruèrent la vue. Elle était là. Ce serait elle et personne d’autre. Elle ne savait pas pourquoi elle voulait essayer de comprendre cette humaine. Sa peine était invisible. Une esquisse de sourire se dessinait sur ses lèvres. Pourtant ses yeux, eux, ne sauraient mentir. Les iris d’un vert pomme sans pareil, elle paraissait froide et distante. Les yeux légèrement gonflés et rougeâtres, le nez à peine humide. Des pleurs. La petite était loin derrière elle mais pouvait pourtant ressentir la peine de cette adolescente. La raison de sa tristesse ? Il était encore trop tôt pour le dire. La brune voulait comprendre cette âme de l’intérieur. Analyser ses sentiments, découpait le tout au scalpel. Un véritable travail minutieux d’artisan.
    Elle commença l’immersion. Elle comparait souvent son don de télépathie à la plongée sous-marine. Elle restait en apnée pendant des secondes durant, observant chaque mystère de l’esprit humain. Elle contemplait chacune des merveilles qu’elle avait l’honneur d’admirer. Malheureusement, elle avait toujours le curieux sentiment d’être une voleuse s’introduisant par effraction dans la vie intime de chacun. N’avait-il pas un peu de vrai dans ces propos ? Paupières closes, elle essaya de se mettre à la place de cette fille. Elle devenait elle. Alors, un véritable lien d’empathie se créait entre les deux êtres. Inspirer puis expirer.
    Seul le noir l’entourait. Elle faillit basculer mais se rattrapa in extremis. Elle n’était pas habituée à si peu de luminosité. Pourquoi n’y avait-il rien dans cet esprit ? Seul le vide lui faisait face. Elle déglutit avec difficulté. Il faut croire qu’elle avait bien choisit son cobaye. Un mal pour un bien.

    Des visages défilaient sous ses yeux. Elle ne pouvait les fixer longuement. Tout allait bien trop vite. Elle n’était pas habituée à un tel spectacle. Toutefois, quelqu’un réapparaissait plusieurs fois. Un jeune adolescent. Son nom était masqué. Elle voulut le lire ou même l’entendre. Rien. C’était comme si la fille essayait d’oublier cette personne, sans jamais y parvenir. Pourquoi voulait-elle l’effacer de sa mémoire ? Ce n’était pas tout. Lorsqu’elle songeait à ce garçon, Amy pouvait ressentir la peine insatiable qui tenaillait la fille de l’église. Elle aurait dû comprendre tout de suite. Un deuil. Voilà l’explication de sa présence ici. Le deuil de ce garçon qui semblait être tout pour elle. C’est à ce moment que Zoey choisit de se manifester : « Le lien. Quelle relation entretenaient-ils ? Je veux tout savoir. Fouille en profondeur pour extraire les plus sombres secrets de cette gamine. » Plus facile à dire qu’à faire.
    Elle retint sa respiration une nouvelle fois plus par habitude que par réelle nécessité. Plonger au cœur d’une âme pouvait être une expérience traumatisante. Le choc pouvait être si violent que certaines personnes perdaient toute volonté de vivre. Un tel traumatisme n’était encore jamais arrivé à Amy. D’ailleurs, ce n’était pas par hasard si elle usait de son pouvoir uniquement lorsque Zoey était dans les parages. Les conséquences pourraient être terribles si son fil d’Ariane à elle se brisait.

    Des éclats de rire. Des sourires figés par la joie. Ce tableau respirait le bonheur. Le garçon était là, un casque posé sur le cou. La petite brune aussi était là. Elle discutait avec lui. Les deux semblaient heureux. Pourtant, Amy savait que ce bonheur serait de courte durée. D’autres filles étaient là. La lycéenne en vint à supposer que les autres appartenaient à la classe du défunt. Des camarades de classe. Des amies toutes aussi proches que l’adolescente endeuillée. Tous devaient affronter la même épreuve. Pourtant, pendant un bref instant, Amy se surprit à espérer. Espérer que cette scène reste indemne. Mais elle connaissait la vérité, aussi triste soit-elle.
    Le noir absolu. Les couleurs venaient de laisser leur place à une absence totale de teinte. Amy frémit tant cela devenait angoissant. Des éclats de rire à nouveau. Une musique enivrante vint lui chatouiller les tympans. Une musique de fête foraine. L’odeur de la barbe à papa et du pop-corn vint se joindre au tout, créant une ambiance parfaite. L’air frais vint balayer les mèches rebelles de la télépathe. Le souffle s’engouffra dans les plis de ses vêtements. Ce n’était pas le vent mais de l’air produit à cause d’une trop grande vitesse. Un manège à sensation forte. Le noir toujours. Aveugle, ses sens lui paraissaient décuplés. Des bruits de pas provenaient de sa droite. Une course. Elle aurait aimé connaître l’identité du coureur.
    Les éclats de rire laissèrent leur place aux sanglots. Des cris déchirèrent l’ambiance festive. Paniquée, Amy se retourna, voulant comprendre. Aveugle, elle était impuissante. Les pleurs redoublèrent. La panique s’emparait. La chute du corps. L’ignorance aussi redoublait encore. Tout le monde semblait perplexe. Les sirènes déchirèrent l’obscurité, se frayant tant bien que mal un chemin parmi cette foule ébahie. L’absence totale de pulsions cardiaques. Un espoir. L’halètement d’une respiration. Puis plus rien. Tout était finit. Des larmes coulèrent sur les joues d’Amy. Elle ne savait pas ce qui venait de se passer. Tout était nouveau pour elle. L’absence de la vue l’avait affectée. Les lumières clignotèrent doucement. Les ombres reculaient à grand pas. L’autre brune était là, penchée sur son portable, les yeux gonflés et rougeâtres. Le puzzle se mettait en place petit à petit. « Voici la mort. » lui murmura son Autre. C’en était trop pour une seule et même personne. Elle n’aurait jamais dû pénétrer cette âme. Ces souvenirs n’étaient pas les siens. D’ailleurs, ce qu’elle venait d’entrevoir était la reconstitution du décès du garçon. La fille n’y était pas. Elle avait seulement tenté d’imaginer la scène telle qu’elle s’était déroulée. Le noir s’expliquait enfin.

    Amy rouvrit les yeux. Elle observa les alentours. Tout était redevenu comme avant. L’église, les êtres priant à genoux et la fille, isolée du reste du monde. Un sacrilège. Voilà ce qu’elle venait de commettre. La petite s’en était-elle rendue compte ? Elle espérait que non. Elle se sentait déjà assez mal d’avoir violé les souvenirs d’un autre. Elle en était malade. Elle enfouit sa tête entre se mains et laissa ses larmes coulaient d’elles-mêmes. Elle resta prostrée ainsi pendant ce qui lui sembla une éternité. Lorsqu’elle émergea enfin, elle était seule. Ou presque. Si seulement cela avait été aussi simple.

    - Pardon, pardon, pardon ! murmura t-elle pour elle-même.

    Elle ne savait même pas de quoi elle s’excusait. De son comportement du jour ? Du sacrilège qu’elle venait de commettre ? Elle emportait avec elle une partie de l’âme de la brune. Une voleuse, voilà tout ce qu’elle était. Elle se dégoûtait. L’idée de ressasser ce qu’elle avait vu lui donnait envie de vomir. Qui était-elle pour pénétrer ainsi l’esprit des gens ? Qui était-elle pour souiller l’âme de chacun ? Elle se souvint alors des paroles de Shiki. Son demi-frère lui avait dit un jour de faire attention à ce qu’elle souhaitait. Il arrive quelques fois que les vœux se réalisent. Etait-ce qu’elle avait voulu ? Voir de ses propres yeux le Mal qui atteignait chacun ? Elle ne savait plus.
    Son regard se posa sur l’adolescente qui avait servit de cobaye. Il n’y avait pas d’autre mot pour désigner la façon dont Amy s’était servie d’elle. Un simple rat de laboratoire. Désormais, elle détenait son secret. Elle devrait vivre avec la reconstitution de la mort de ce garçon. Une question subsistait ; qui était-il pour elle ? Un ami ou plus encore ? La notion de meilleur ami lui était connu. Pourtant, il lui semblait que les sentiments l’unissant à cet adolescent étaient plus forts encore. Après tout, peut-être se trompait-elle. Elle savait juste qu’elle était profondément affectée par don décès. Qui ne le serait pas ? À moins d’être un monstre sans cœur, tout le monde verse une larme lorsque une telle mauvaise nouvelle se fait entendre.
    Elle savait juste qu’il y avaient plusieurs façons de surmonter un décès. La première, la plus simple consiste à vivre dans le passé. Il est alors impossible à la personne d’oublier. Elle ressasse chacun des instants passés, ne peut que vivre ainsi. Cette façon de faire est assez rare, pourtant il arrive que certains se laissent mourir. Vivre sans leur bien-aimé leur est impossible. Le spécimen qu’Amy venait d’étudier semblait avoir adopté cette façon de faire. Seule dans son coin, elle pleurait toutes les larmes de son corps. Ce n’était pas une solution. Loin de là. Elle se faisait du mal plus qu’autre chose. Vivre dans le passé n’était pas la meilleure chose à faire. Il y avait donc une autre façon d’être lorsqu’une personne proche vint à décéder. Exorciser le chagrin qu’il y a en chacun de nous. Pleurer une bonne fois pour toute. Puis tirer un trait sur le passé. Oublier totalement la personne en question est impossible à faire. Il faut juste réussir à trouver le bon équilibre. Ressasser ses souvenirs pour remonte la pente. Aller de l’avant. Eviter de jeter un dernier regard derrière soi.

    Lorsqu’elle se leva, les joues humide, Amy savait quoi faire. Elle observa longuement la brune dont elle ignorait le nom et avança vers elle. Que pouvait-elle faire si ce n’est essayer de la réconforter ? La solitude est une mauvaise chose. Pour pouvoir aller de l’avant, cette petite devait être entourée des siens. S’isoler lui ferait plus de mal qu’autre chose. Elle inspira profondément puis s’assit à côté d’elle. Le mutisme les entourait. Les cloches résonnèrent une nouvelle fois. Amy avait perdu toute notion du temps. Elle souhaitait juste être utile. Rien d’autre. Même si elle souhaitait bien faire, elle ne savait pas quoi dire. Les mots ne vinrent pas.
    Alors elle la prit dans ses bras. Elle ne savait pas pourquoi elle agissait ainsi. Ils ne se connaissaient ni d’Eve, ni d’Adam. Pourtant, sans s’en rendre compte, la jeune fille lui avait livré une partie d’elle-même. Un poids dont Amy avait hérité en fouillant dans son âme, voulant contempler les débris d’un spectre. Les deux filles restèrent ainsi longuement. Des larmes coulèrent. Amy aussi pleurait. Elle ne savait pas pourquoi mais c’était la seule chose qu’elle arrivait à faire. Elle aurait dû réconforter cette fille qui avait perdu quelqu’un, et voilà qu’elle se mettait à verser des larmes elle-aussi.

    - Je suis désolée pour toi. Vraiment, finit-elle par lui murmurer à l’oreille.

    Elles restèrent l’une contre l’autre pendant quelques temps encore. La lumière s’alluma dans l’église. Elles n’étaient plus que toutes les deux. Il faisait nuit depuis longtemps, déjà. Combien de temps était-elle restée ici ? Elle se leva tant bien que mal et esquissa un dernier sourire à l’adolescente aux reflets roux. Elle ignorait si le destin souhaitait qu’elles se rencontrent à nouveau. Toutefois, Amy n’était pas prête d’oublier ce jour à marquer d’une pierre blanche. Elle essuya ses larmes du revers de sa manche et commença à faire demi-tour. Il était temps pour elle de retourner à ses occupations habituelles. Oublier son don pour un temps, au moins. Faire le vide en elle.
    Elle franchit le seuil de l’église en jetant un dernier regard derrière elle. L’autre fille aussi s’était relevée. Peut-être irait-elle mieux après cela ? Difficile à croire. Il lui faudrait du temps pour se remettre d’un tel deuil. Amy sentit les larmes lui montaient une nouvelle fois aux yeux. Elle bascula sa tête en arrière pour éviter que cela ne coule telle une fontaine. Lorsqu’elle sentit que les sanglots étaient refoulés, elle commença à descendre les marches en pierre. « Alors ? » lui demanda simplement Zoey. Pendant l’espace d’un instant, elle avait réussit à oublier son Autre. Qu’attendait-elle comme réponse exactement ? Amy prit le temps de réfléchir pour finalement dire à voix haute :

    - Aujourd’hui, j’ai vu de choses qui auraient dû rester des secrets. Je me suis sentie telle une étrangère lorsque j’ai contemplé les souvenirs de cette fille. J’avais raison d’avoir peur. Je n’étais pas prête pour être confrontée à une telle épreuve. Je l’en veux terriblement. Il va me falloir du temps, je pense pour pouvoir me regarder à nouveau dans une glace.

    Silence. Zoey parut satisfaite de cette réponde. Au moins si cela la dérangeait, elle n’en faisait rien savoir. Peut-être avait-elle comprit qu’elle avait été trop loin en souhaitant développer le pouvoir d’Amy ? Peut-être allait-elle la laisser tranquille pour quelques temps, au moins ? L’espoir fait vivre. Son Autre n’aurait jamais de repos. Elle s’arrêterait lorsque son but serait atteint. Elle-même ignorait ses propres limites. Elle n’en possédait aucune. Voilà tout. Ou alors, elle les ignorait. Cette réponse était des plus plausibles. Tout le monde, un jour ou l’autre, finit par ne plus pouvoir se dépasser. Il suffisait juste d’attendre un peu pour que ce jour devienne celui de Zoey.
    Amy se remit en route. Tant devoirs l’attendaient à l’internat. Elle pourrait toujours essayer de se changer les idées en répétant son texte de théâtre. Mais la perspective de répéter Roméo et Juliette ne l’enchantait pas. Sans doute était-ce lié à ce qui lui était arrivé aujourd’hui. Sa vision du monde en semblait affectée. Elle ne savait pas si c’était une bonne ou une mauvaise chose. Il lui faudrait du temps pour se remettre de cette expérience. Beaucoup de temps. Elle ne put s’empêcher d’avoir une pensée pour la fille d’aujourd’hui. Et elle ? Comment allait-elle s’en sortir ? Panser une telle blessure n’était pas chose facile. Celle d’Amy lui paraissait bien ridicule, comparée à celle de l’autre brune.
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Parce que chaque Etoile porte un Nom [Rp Solo]

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