L’amour. Y a t-il sentiment plus stupide, plus puéril et plus dangereux que cette connerie que les jeunes filles en fleur nomment l’amour ? Deux fois elle s’était laissée prendre dans ce piège. Oh elle aurait dû écouter cette petite voix intérieure qui lui soufflait que tout ceci était une mauvaise idée. Après le drame qui avait coûté la vie à Orphée, elle pensait ne plus jamais aimer. Penser. Mais la vie n’est pas faite selon nos désirs ou nos exigences. Orphée. Il portait bien son nom. Il l’avait laissée seule dans cet enfer qu’est la Terre. Lui était parti. Elle, elle était condamnée dans ce corps qui n’était pas le sien. Elle se devait de le partager avec cette petite geignarde qu’est Amy. Elle aussi est amoureuse. Un amour interdit avec son demi-frère. Aucun lien de sang mais cette seul idée suffit à la refroidir. Orphée. Son visage lui apparaît encore en rêve certaines nuits.
Puis était venu Astath. Lui était différent. Lui était cette part de jovialité qui lui manquait. Il avait su lui redonner foi en la vie et elle l’avait repoussé. Les derniers mots qu’elle avait eu pour lui n’étaient rien d’autre que des mensonges horribles. Elle lui avait ordonné de partir loin d’ici, elle avait ossu-entendu qu’elle aurait préféré qu’il soit mort plutôt que là, auprès d’elle. C’était stupide. Elle avait regretté ses paroles après avoir parlé à Vito. Elle avait voulu faire machine arrière mais il était déjà trop tard.

Ses pieds nus crissaient sur les grains de sable de la plage. Elle s’assit sur une pierre et observa la mer. Les vagues ne cessaient de venir se fracasser contre d’autres roches, plus imposants cette fois-ci. Elle soupira. Elle ne devait plus y penser. Tout cela appartenait au passé, désormais. Elle avait fini par oublier Orphée, elle oublierait Astath aussi.
Son regard se porta sur une fille aux longs cheveux blancs allongée sur le sable, sans doute occupée à bronzer. Elle en avait de la chance, elle, de n’avoir que pour seul souci sa peau pâle qu’elle souhaitait belle au soleil. Elle enfouit sa tête entre ses mains et se rendit alors compte d’un détail plutôt curieux. Des gouttes d’eau s’enfonçaient dans le sable. L’eau provenait de la fille elle-même. Etait-elle en train de.. fondre ?

Sans réfléchir, Zoey s’élança vers la jeune fille et l’amena de force à l’ombre. Elle ne s’était pas trompée, cette dernière fondait bel et bien au soleil. Elle ne savait pas quoi faire pour arrêter une telle alchimie, elle espérait juste que l’avoir éloignée de ce poison que semble être pour elle le soleil suffirait. Elle la secoua alors dans tous les sens, n’ayant que pour seul objectif de lui faire ouvrir les yeux.

- Allez réveille-toi, finit de dormir la Belle au Bois dormant !

La situation semblait critique pour elle. Que faire ? Il est vrai que Zoey n’avait guère l’occasion de sauver la vie à des… Inuits ? Etait-ce bine ainsi que l’on nommait ceux vivant dans le froid le plus glacial, loin de la lumière du soleil ? Comprenait qu’elle n’arriverait à rien toute seule, elle décida de donner une énorme claque à la jeune fille pour la sortir de son sommeil.

3 heures, 36 minutes, 52 secondes, 14 centièmes. C'était le temps exact qui s'était écoulé entre le moment où le ferry avait démarré et était parti de la côte et celui où il s'était arrêté près de l'île. Le petit robot avait tenu à calculer le temps du trajet, juste pour vérifier si le temps qui était noté sur le panneau, à côté du guichet où il avait acheté son billet pour le ferry, était exact. Et sa réponse: Non, le temps indiqué n'est pas juste. Il y avait noté "3H35", et le trajet a duré 1 minute 52 secondes et 14 centièmes de plus que prévu. IAAH pensa alors que les gérants de ce ferry devrait peut-être penser à modifier le temps indiqué sur le panneau, parce que noter une valeur fausse, ce n'était pas très sympa pour les passagers... Enfin, peut-être que cela n'était pas très important ?

IAAH04-6 était donc descendu du ferry, et se trouva désormais sur l'île où se trouvait la fameuse "École Lisienne", sa première et nouvelle école. Pour le moment, tout ce qu'il observait, c'était une plage de sable fin, avec quelques rochers. L’école devait se situer un peu plus loin. Le robot commença donc à marcher sur la plage, pendant quelque minutes. Il aperçut alors une personne au loin. Sexe féminin, âge entre 14 et 18 ans. Enfin, du moins, c'est tout ce qu'il pouvait dire en l'observant; ce n'était peut-être qu'approximatif, et pas forcément utile, mais bon. La jeune fille semblait être échoué sur la plage; le robot s’apprêtait à s'avancer pour comprendre pourquoi elle était couché par terre, mais une autre personne apparu, et l'emmena à l'ombre. sexe féminin, âge entre 14 et 18 ans. Elle venait d'amener l'autre à l'ombre, comme ça, sans réelle raison ? IAAH ne comprenait pas vraiment... Soudain, il la vit secouer, puis frapper la fille qui semblait évanoui. Le robot observait cette scène, en analysant chaque geste. Et le fait de frapper quelqu'un, c'était un acte de violence. Cela suffisait à faire comprendre à l'androïde qu'il devait arrêter cette fille, avant qu'elle ne fasse plus de mal à l'autre. Le robot se précipita vers elles, se mit entre les deux filles, afin de les écarter. Il s'écria ensuite, avec sa petite voix robotique:

- Pourquoi tu la frappe ? Elle t'a rien fait !

Il tourna la tête vers la jeune fille qu'il voulait protéger, et se rendit compte que la peau de cette fille était un peu transparente, et des gouttes d'eau coulaient sur son corps. On aurait dit... un glaçon. Le petit robot s'accroupit à côté de la fille, et posa sa main sur elle; elle était froide. C'était bizarre, les humains sont pas comme ça d'habitude... Il se retourna soudainement vers l'autre, l'accusant d'avoir fait quelque chose à la fille-glaçon.

- Pourquoi elle est aussi froide ? On dirait un glaçon ! Tu lui as fait quoi ?!

Un gamin fit irruption alors que Zoey était occupée à essayer de ranimer l’autre albinos. Elle le détailla et le jugea du regard. Depuis quand les morveux étaient-ils acceptés au lycée ? Leur place était dans un bac à sables, et non à la gêner. D’autant plus qu’il se permettait de lui donner des leçons, alors là non ! Elle avait une folle envie de lui abattre son poing dans sa sale tronche de môme, juste pour lui montrer qui commandait mais se retint. L’heure n’était pas aux règlements de compte. Elle soupira et se laissa gentiment engueuler avant qu’il ne lui prenne la main pour constater l’évidence : elle était froide. Merci, mais elle avait remarqué depuis longtemps déjà. Pas besoin de ses déductions pour comprendre qu’elle avait devant elle une fille aussi pâle et froide qu’un cadavre. À la différence près que son cœur battait toujours. Du moins, pour le moment.

- C’est normal… Je suis… Une koorime… Une… Fille… Des glaces…

Ben voilà qui expliquait tout ! Cette demoiselle vivait dans le froid et cette idiote se mettait en plein soleil ! Un jour, il faudrait qu’on lui explique pourquoi les trois quart de la population de cette planète agit stupidement. Elle haussa simplement des épaules.

- Pourquoi tu vas pas à l’ombre alors, sombre idiote ! Là tu fondais à vue d’œil ! Si je ne t’avais pas repérée à moitié morte sur la plage, tu y serais restée !

Elle commençait à en avoir de la connerie humaine. Elle soupira simplement et reporta son attention à l’autre gringalet à peine plus haut que trois pommes. Des cheveux blonds, un visage angélique, plutôt mignon mais trop gamin. Elle prit des grains de sable qu’elle laissa s’écouler entre ses doigts.
La jeune fille, la Koorime pour être précis, bredouilla un prénom. Franz. Elle se souvenait avoir déjà entendu ce prénom. Après quelques secondes passées à réfléchir, elle se souvenait que ce jeune homme faisait parti de sa classe il y a encore temps. Puis, subitement, il avait disparu. Disparu ou mort. Elle n’en savait rien et préférait se mêler uniquement de ses affaires. Franz. N’était-ce pas aussi le prénom du garçon qui avait aidé Shaé à devenir plus puissante ? Aussi. C’était aussi un ami proche d’Astath si sa mémoire était bonne. Non, elle avait juré de ne plus penser à lui.

Pourquoi cette fille avait-elle tenté de se suicider ? En effet, tout cela ressemblait fort à une espèce de suicide. Contrairement à Amy, elle n’allait pas se gêner pour se fouiller dans son esprit. Elle ferma les yeux, se concentra et eut accès aux moindres souvenirs personnels de la demoiselle. Le verdict tomba : chagrin d’amour. Putain de bordel de merde.

- C’est pas en te suicidant que tu vas le ramener en vie ! Tu crois vraiment que ton cher Franz serait content de te voir agir ainsi de là où il est ? Tss !

Elle jeta une poignée de grains de sable dans l’air, juste pour se défouler. Juste comme ça. Juste par pure envie. Cela fait du bien, des fois.

Une koorime, une fille des glaces... C'était la première fois qu'il entendait parler de ça. Enfin, le petiot robot savait très bien qu'il n'était pas dans une île où il risque de croiser des humains; ici, même si tout le monde semble être humain à cause leur apparence, il ne le sont pas forcément, puisque c'est une école pour les personnes non-humaines. En tout cas, il ne savait pas ce qu'était une koorime; lui, il était un robot ultra perfectionné, et il pouvait facilement lancer une recherche dans son cerveau pour trouver une réponse à sa question mais... en cherchant ce qu'était une fille des glaces, il n'obtint aucun résultats. Il avait été crée par des humains, qui ne connaissait pas l’existence de toutes les races, et cela semblait donc évident: il ne peut pas trouver une information si personne ne l'avais jamais mis sur le net. Enfin, l'autre fille semblait savoir ce que c'était, elle. Elle s'énerva un peu, elle disait qu'elle ne devait pas rester à l'ombre dans ce cas, parce que là, elle fondait. Elle avait même ajoutait que si elle ne l'avait pas vu, la koorime serait morte à l'heure qu'il est... Alors comme ça, les filles des glaces, ça fond au soleil? Comme la glace, en fait. Et tout cela expliquait sans doute pourquoi elle était si froide. IAAH04-6 enregistra toutes ces informations; maintenant, il saura tout ça.

La koorime prononça un mot. « Franz ». Le robot ne savait pas de quoi il s'agissait non plus. Et pourquoi disait-elle ce mot, là maintenant ? Et une fois de plus, l'autre fille semblait tout comprendre. IAAH commençait presque à se sentir inutile à force! C'est vrai quoi, il aimerait aider lui aussi, même si il aurait préféré être un simple humain, c'est un robot à la pointe de la technologie, et son intelligence artificielle et les programmes installé en lui lui permettait de trouver une réponse à n'importe quel énigme mathématique, même les plus complexe, en à peine 2 secondes! Mais là, quand il s'agit de comprendre les sentiments humains... C'était au delà de ses capacités, il ne pouvait pas, ou du moins, pas pour le moment... Enfin, toujours est-il que l'autre fille avait l'air d'avoir tout compris à la situation.

- C’est pas en te suicidant que tu vas le ramener en vie ! Tu crois vraiment que ton cher Franz serait content de te voir agir ainsi de là où il est ? Tss !

Se suicider? La koorime voulait donc se suicider, mettre fin à sa vie ? Elle se laissait fondre volontairement alors... D'ailleurs... elle fondait toujours là ! Elle était à l'ombre, mais elle fondait encore! Il devait y avoir une autre solution pour la sauver!

- Tu veux te suicider ? Nan ! Ne fait surtout pas ça ! Je comprend pas tout, mais d’habitude, tout le monde veut échapper à la mort; mourir, c'est la pire chose qui puisse arriver ! Faut pas vouloir se tuer volontairement !

Il aimait pas quand les autres parler de "mort". Lui, si il était là, c'était justement parce qu'il s'était enfui pour éviter d'être détruit; alors pas question de voir quelqu'un mourir sous ses yeux !

Tout le monde veut échapper à la mort. C’est faux. Zoey, elle, aurait tant aimé que la mort vienne la cueillir telle une rose à peine fleurie par une belle matinée ensoleillée. Mais nos souhaits ne deviennent pas toujours réalité. Orphée. Une âme était montée au ciel en ce jour si triste de bal. Malheureusement, la grande Faucheuse ,n’avait daigné prendre celle de Zoey. Elle aurait dû mourir avec lui, elle devrait être avec lui pour l’éternité mais la vie, ou plutôt la mort, n’en a pas décidé ainsi. Par elle ne savait quel tour de magie, elle était bel et bien là sur cette Terre, prisonnière dans le corps de cette fille qu’elle méprisait plus que tout !
Zoey cracha au sol à ses pensées. Peut-être donnait-elle l’image d’une fille vulgaire mais peu lui importait. Pour le moment, elle voyait juste une élève tentant de se suicider en se laissant bronzer au soleil – situation qui en ferait rire plus d’un ainsi formulée – en compagnie d’un morveux de douze ans ayant sans aucun doute perdu son chemin de la maternelle pour s’être retrouvé au lycée.

- C’est la seule solution que j’ai trouvée pour abréger mes souffrances… Je n’en peux plus.

Son poing partit tout seul en direction de la face de l’albinos. Trop c’est trop. Elle commençait à en avoir marre des pleurnicheuses. Elle devait déjà supporter Amy à longueur de journée, voilà qu’en plus les premières se mettaient aussi à chouiner ! L’autre blond ouvrit de grands yeux, effrayé par le comportement de la demoiselle à la chevelure brune. Elle n’était pas ici pour faire des câlins à quiconque s’approcherait d’elle. Elle avait toujours possédé une volonté de fer, c’est grâce à cette dernière qu’elle avait pu continuer à marcher la tête haute. Sans cela, sans doute aurait-elle elle-aussi tenter de mettre fin à ses jours en prenant le contrôle du corps de son hôte. Elle savait Amy masochiste, elle savait qu’elle se mutilait les bras, ces mêmes bras en conserveraient désormais les marques à jamais tant les entrailles avaient été répétées à multiples reprises et profondes.

- Arrête donc de chialer et conduis-toi en femme, nom d’un chien ! Ok il est mort. Et ensuite ? Tu vas passer tout ton temps à te morfondre plutôt qu’essayer de l’oublier ? Ou mieux, tu vas te remettre au soleil pour que ce dernier te calcine en un rien de temps dès que l’on sera repartis ?

Elle venait de dire tout ceci sur un ton ironique. Elle en avait assez. Elle n’était pas venue ici pour être spectatrice d’un suicide mais pour se reposer un peu. Un repos qui aurait été bien mérité étant donné les derniers évènements. Il faut croire que tout le monde n’était pas de cet avis. Existerait-il réellement un dieu se jouant des humains, les manipulant à sa guise comme des marionnettes dans le simple but de se divertir ? Si tel était le cas, alors ce même dieu devait bien rire à gorge déployée devant les pions se déployant devant lui. Comme il devait avoir mal aux côtes devant cette scène misérable qui se jouait en ce moment même, sur cette plage !

- Comme tu es pathétique.

Elle choisit de conclure sa tirade ainsi, par une pique dont elle savait qu’elle blesserait la principale concernée. Peut-être cette misérable phrase permettrait à l’autre de se ressaisir enfin. Elle n’avait que trop peu d’espoir à ce sujet. Elle la voyait comme un animal faible attendant la mort lentement, faisant tout pour s’enliser davantage plutôt que d’essayer de survivre. Elle voulait juste mourir. Abréger ses souffrances. N’étaient- ce pas ses propres mots ?
L’autre leur confia alors qu’il n’existait aucun moyen pour l’empêcher de mourir. Alors c’était vrai ? Il suffisait d’un peu de chaleur pour que cette dernière soit réduite à l’état liquide ? Elle refusait de croire un seul de ces mots. Elle se dirigea à nouveau vers elle la secoua dans tous les sens. Si la manière brusque était la seule qu’il faille utiliser pour faire sortir des aveux à cette demoiselle, alors elle n’hésiterait pas. Pour sauver une vie, tous les moyens se valaient.

- Parle ! Comment empêcher le soleil de te tuer ? Ce n’est pas les premières chaleurs ici, tu as su rester en vie jusqu’à aujourd’hui alors que faut-il faire ?

Elle haussa le ton. Les premières chaleurs étaient apparus depuis plus d’un mois environ. Des journées quasi caniculaires avaient sévies pendant plusieurs semaines avant que la pluie et le ciel grisâtre ne réapparaissent à nouveau. Elle doutait fort que cette fille se soit calfeutrée dans sa chambre à attendre que le froid revienne. Il fallait qu’elle aille en cours et donc traverser la cour et par la même occasion affronter les rayons meurtriers du soleil. Il ne restait plus qu’à savoir comment elle avait réalisé un tel prodige.

Spoiler:

La seule solution pour abréger ses souffrances ? Où qu'elle aille, elle fondra toujours ? Elle s’éteint afin de ne plus souffrir ? Mais elle racontait n'importe quoi ! Le fait de se laisser fondre, ça la faisait souffrir aussi ! Le petit robot ne savait pas ce qui la faisait autant souffrir mentalement pour qu'elle décide de se faire souffrir physiquement, mais il ne supportait pas de la voir ainsi. Mais en même temps, il ne savait vraiment pas quoi faire. Il restait là, à côté, la regardant mourir, sans savoir comment réagir. Il n'était pas assez persuasif, il ne trouvait pas les mots pour la convaincre d'arrêter ce suicide. Soudain, l'autre fille frappa de nouveau la koorime. IAAH se tourna brusquement vers elle, effrayé par tant de violence. Décidément, il ne comprenait plus. Il était là, avec une fille affaiblie, qui veut mourir, et une fille violente qui tente de la raisonner.

- Arrête donc de chialer et conduis-toi en femme, nom d’un chien ! Ok il est mort. Et ensuite ? Tu vas passer tout ton temps à te morfondre plutôt qu’essayer de l’oublier ? Ou mieux, tu vas te remettre au soleil pour que ce dernier te calcine en un rien de temps dès que l’on sera repartis ?

L'adolescente semblait énervée. Énervée car la fille des glaces voulait se suicider. IAAH, lui, il était plutôt désemparé. Et il se sentait complément inutile, il ne pouvait rien faire. Même mettre cette fille à l'ombre ne l'empêchait pas de fondre, alors comment faire pour la sauver ? L'autre posa justement la même question. Elle avait raison en plus. Cette fille avait survécu jusque là, alors elle devait surement avoir un moyen. N'importe lequel. IAAH n'ajouta rien, se contentant de regarder la koorime, avec un regard qui voulait clairement dire "On va te sauver, dit nous comment faire!".

Et la voilà qui ne trouvait rien de bien à faire que de répondre à ses provocations ! Il fallait qu’elle retrouve son calme – même si Zoey n’était pas une personne au tempérament passif – pour pouvoir ainsi aider de son mieux. Gesticuler et hurler dans tous les sens ne servaient à rien, elle le voyait bien. Il fallait qu’elle pense à Orphée ainsi qu’à Astath. Leurs souvenirs étaient encore douloureux, ainsi elle reprendrait ses esprits. Elle aussi connaissait la perte d’un être cher, de deux même. Elle avait vu les deux personnes qu’elle aimait le plus disparaître sous ses yeux, comme ça, du jour au lendemain, sans qu’elle ne s’y attende. Elle avait entendu les cris agonisants de son beau prince dans ce magnifique château où elle dansait avec lui cette si belle valse viennoise. Elle avait tout vu, tout entendu. La mort aurait été un cadeau bien trop beau pour elle. Pour la punir, quelqu’un avait décidé de la placer dans ce corps de môme, devant partager à jamais deux âmes pour un seul et même corps. Quelle plus lourde punition que celle-ci ? Pourquoi tant de haine envers elle, simple mortelle ayant depuis toujours un don aiguisé de télépathie ? Certes, elle avait abusé de ses pouvoirs, pas toujours pour aider les autres mais cela méritait-il réellement un tel châtiment ?

La jeune fille à la chevelure blanche lui dit d’arrêter de la secouer. Aussitôt dit, aussitôt fait. Elle se stoppa net. Elle ne souhaitait pas mettre sa vie davantage en danger qu’elle ne l’était déjà. De l’eau atterrit sur le débardeur de la brune. De l’eau provenant de la bouche elle-même de la Koorine. Voilà une action peu singulière !
Elle l’avertit qu’il fallait l’emmener au plus vite dans sa chambre. Malheureusement, elle ne réussirait gère à la soulever toute seule. Elle chercha du regard quelqu’un pour l’aider et vit finalement le petit blond dont elle ignorait toujours le prénom. Il faudrait faire avec. Il lui fit un geste de la main, lui faisant signe de venir.

- Toi là ! Va falloir que tu m’aides à la transporter ! J’m’occupe des épaules, prends-la au niveau des jambes.

Joignant le geste à la parole, elle lui saisit les épaules alors que le jeune garçon s’approchait timidement en direction du bassin. Non mais vraiment, elle était pas aidée d’être tombée sur un mioche pareil ! Enfin après tout, l’habit ne fait pas le moine.

- À trois on soulève ensemble, OK ? Un, deux, trois !

À trois ils soulevèrent tous deux la jeune fille. Elle n’était pas un poids plume, celle-là. Pour le moment, mieux valait ne pas trop y penser. Elle n’avait pas réfléchi à la manière destination : l’infirmerie ou sa chambre ? Elle aviserait plus tard. Pour le moment, mieux valait s’éloigner et rejoindre un endroit plus frais que l’extérieur.
Pour finir, elle s’excusa de les avoir dérangés, Zoey se mordit la lèvre pour ne pas répliquer une de ces piques cinglantes dont elle avait le secret.

Dans sa chambre. Son lit peut la congeler en diminuant au maximum la température. Un lit avec température réglable ? Le petit robot ne savait même pas que ça existait. Enfin, bref. La fille ajouta qu'elle ne pouvait pas marcher, car sinon, elle risquerait de se briser en mille morceaux. C'était un spectacle que l'enfant ne souhaitait vraiment pas voir ! L'autre jeune fille commença à soulever la koorime. N'y arrivant pas toute seule, elle se tourna vers IAAH, et lui fit un signe de la main, pour lui demander de s'approcher. En même temps, elle lui dit:

- Toi là ! Va falloir que tu m’aides à la transporter ! J’m’occupe des épaules, prends-la au niveau des jambes.

Au niveau des jambes ? D'accord. Le petit robot s'approcha, timidement. Il attrapa la jeune fille par les jambes. Elle était froide, c'était pas très agréable... Mais ce n'était pas important, si il ne faisait rien, elle allait mourir, alors c’est pas un peu de froid qui devrait l'arrêter. La fille compta jusqu'à 3, et tout deux soulevèrent la koorime. Ils commencèrent à avancer. Le robot se contentait de suivre, essayant de ne pas faire tomber la fille des glaces, et ne pas aller trop lentement. Il ne savait pas du tout où ils allaient, puisqu'il venait d'arriver... Il regardait aux alentours, enregistrait ce qu'il voyait, et "dessinait" une carte de l'île. Après, il connaitra ce lieu par cœur, puisqu'il pourra consulter cette carte lorsqu'il le souhaite, directement dans sa tête. Plutôt étrange, en fait, mais ça a ses avantages d'être un robot. IAAH s'adressa ensuite à la fille-glaçon.

- On doit t'emmener dans ta chambre, mais tu peut nous indiquer le chemin ? Enfin, je viens d'arriver et je connais pas encore l'île...

Il leva la tête vers la fille qui tenait la koorime par les épaules.

- Hé, toi, tu sais où tu nous emmène là ?

Elle connaissait sans doute l'école mieux que lui, mais elle n'avait pas l'air de connaitre la fille des glaces alors... Elle ne savait surement pas où était la chambre de la koorime...

Spoiler:

Zoey attrapa la jeune fille au niveau des jambes, attendant que l’autre s’exécute à son tour. Il comprit assez vite et n’avait pas l’air de rechigner à la tâche. Des qualités admirables. La chaleur redoublait. Alors qu’ils avançaient tous deux pas à pas, la télépathe menait ce bien étrange convoi en indiquant ses directives au jeune homme. Elle avait l’impression de transporter une poupée de porcelaine pouvant se briser à tout instant, déjà fragilisée par les rayons meurtriers du Soleil. Elle opta donc pour un chemin un peu plus long mais leur permettant d’être à l’ombre, évitant ainsi à la Koorime de fondre à vue d’œil.
Le jeune blond interpella Zoey, lui demandant si elle savait où elle les emmenait. Elle n’y avait pas tellement réfléchi. Alors qu’elle allait ouvrir la bouche pour lui dire sa façon de penser, la lycéenne à la chevelure blanche prit sa défense sans qu’elle ait eu le temps d’intervenir.

- On va à l’infirmerie. Eux au moins, sauront la prendre en charge mieux que nous. J’ai aucune envie de jouer les infirmières.

Sans doute les deux infirmiers de l’établissement étaient-ils habitués à s’occuper de toutes les personnes différentes de ce lycée, pouvant palier au moindre problème mais Zoey, elle, n’était guère d’humeur charitable aujourd’hui, comme tous les jours d’ailleurs. Jouer les nounous ou autres professions visant à s’occuper d’autrui ne l’intéressait guère.

L’infirmerie se dessinait enfin. Elle pouvait l’apercevoir. Ils n’étaient plus très loin. Ils avaient marché vite, malgré la petite taille du blondinet, il avait su tenir le rythme. Tant mieux. Dans le cas contraire, le brune lui aurait sans doute remonté les bretelles. Mais une chose à la fois. Ils entrèrent dans l’infirmerie, voyant que cette dernière était déserte et cherchèrent du regard le lit pouvant la congeler. Lorsque enfin elle le trouva, elle fit signe au garçon d’aller dans la direction du lit en question. Ils la posèrent avec délicatesse sur le matelas.

- Et maintenant on attend ou faut activer je ne sais quoi pour que ce lit te congèle ?

Elle observa les environs, elle ne savait pas comment tout ce bazar fonctionnait. Elle n’avait jamais été portée sur les attentions ou les autres soins. Elle n’allait pas commencer aujourd’hui.




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