La porte était grande, imposante. L’hybride la contempla longuement. Il ne pouvait plus reculer désormais. Il avait attendu si longtemps qu’un tel moment arrive enfin. Ses prières avaient été entendues. Il ne savait pas qui avait exaucé ses vœux mais il lui en serait éternellement reconnaissant. Mais voilà qu’il y était. Il était devant ce portail et craignait de rentrer. Et si ici n’était pas réellement sa place ? Et si toutes les rumeurs qu’il avait entendues étaient fausses ? Peut-être cet endroit n’était-il que mensonge. Peut-être tout ceci n’était qu’Enfer. Oui, peut-être quittait-il un Purgatoire emplit d’humains pour atterri dans un Enfer où toutes races s’uniraient car lui n’était pas né ainsi. À la base, ces oreilles, cette queue, ces crocs, ces griffes, tout ceci n’existait pas.
Regrettait-il sa transformation ? Terriblement. Mais cela avait du bon. Au moins avait-il pu voir l’âme humaine telle qu’elle était véritablement. Il l’avait vu sans ce masque recouvrant tous ces ectoplasmes. Il l’avait vue vraie, il en faisait encore des cauchemars lors de ses sommeils les plus calmes. Comment expliquer de telles actes de violences ? il n’y comprenait plus rien. Peut-être n’y avait-il rien de bon en cette espèce, peut-être était-elle réellement vouée à s’entre-tuer comme beaucoup l’avaient prédit. Et lui au milieu de tout cela ? Comment aurait-il agit si ce n’était as lui qui avait subi cette transformation ? Sans doute aurait-il été aussi minable que les autres Hommes. Il soupira à cette pensée.

Le portail était ouvert. Devant, des jardins s’offraient à lui. Un gardien l’observait, songeur. Il avait sans aucun doute remarqué ses attributs de félin et devait se demander pourquoi un tel être hésitait à passer la porte ! Voulait-il vraiment passer sa vie à fuir au milieu des autres humains ? Il fit une moue étrange, yeux plissés, bouche entrouverte, regard perdu vers l’horizon. Salem jugea que cet homme à la barbe naissante ne lui serait pas d’une grande utilité. Il ne ferait que l’orienter vers la décision qui l’arrangerait : venir en ce lieu. Cela, la chimère n’en avait nul besoin.
Il observa les fleurs plantées devant l’entrée, les abeilles allaient de pistil en pistil dans des vrombissements harmonieux, les papillons déposaient leur large trompe sur le pollen des marguerites. Il observait la nature s’éveiller doucement. Le printemps était là. Il se posa sur une pierre et observa ce ballet aérien. Peut-être devait-il trier ce qu’il y avait de bon à être entouré d’humains ainsi que les mauvais côtés.

Il ferma les yeux. Il revit les moindres détails de sa vie. La douleur d’abord. La douleur qui lui avait apporté les scientifiques bipèdes. La douleur que son corps avait subit à chacune de leurs incursions dans son enveloppe physique. Il hurlait à chaque fois que les seringues s’enfonçaient dans sa chair, hurlait à nouveau lorsque le produit dont il ignorait tout remontait son sang. Cela brûlait. Son corps entier était parcouru de tremblements. Il avait tant voulu mourir dans cet enfer puant et grouillant d’humains tous plus défigurés les uns que les autres ! Il avait vu tant de cadavres passaient sous ses yeux que chaque nuit, il s’imaginait que son corps allait être jeté en pâture aux chiens alors qu’il était encore à semi-vivant. Il en avait assez de la vie mais même la mort ne souhaitait pas de lui. Il avait essayé de se suicider en s’étouffant avec sa langue mais il avait toujours ce tic de remettre sa langue sur son palais, ainsi cette dernière n’effleurait même pas sa glotte. Il était encore humain et pourtant, sa volonté était anéantie, il ne mangeait presque plus, ne prononçait plus le moindre mot. Ils avaient réussi à faire de lui une loque grâce à leurs satanés traitements !

Mais tout ceci avait pu l’endurcir. Grâce à toutes ces épreuves, il avait su haïr les humains et même tout autre forme de vie. C’est alors qu’il avait rencontré Luna. Un ange venu pour le sauver. Il aurait pu rester longtemps à l’écouter parler tant elle était bonne oratrice. Il aurait pu rester dans cet enfer d’éther et de seringues pour l’éternité tant elle était belle. Il ne voulait plus la quitter. Il avait trouvé une raison de vivre. Il reprit de l’énergie et devient bien vite une véritable menace pour les autres scientifiques. Sa fusion était terminée. Ils avaient fait de lui un être mi-homme, mi-panthère. Une chimère, disaient-ils. Et Luna dans tout cela ? Elle, sa fusion remontait à bien longtemps. Elle ne parlait jamais de son passé mais trouvait toujours quoi raconter pour remonter le moral de son ami. Ses cheveux blancs étaient la preuve qu’elle avait été fusionnée avec une renarde polaire. Ses prunelles rouges étaient symboles de sa maladie : elle était albinos. Ce conte de fée bercé par les ténèbres aurait encore pu durer longuement si Luna n’avait daigné tout précipiter. Elle en avait assez de ces cages, assez de ces blouses blanches, assez de ces corps froids, assez de cette puanteur, assez de cette vie d’esclave. Elle mit au point un plan dont elle fit part à Salem. Il l’écouta avec attention. Il ferait tout pour satisfaire le moindre de ses désirs, même l’erreur qui sera fatale à la jolie jeune fille.

Salem rouvrit les yeux. Ses narines perçurent à nouveau le goût métallique du sang, ses oreilles fines entendirent à nouveau les coups de feu ainsi que les cris agonisants des autres chimères. Beaucoup de sang avait été versé ce jour-là. Tout était de sa faute, il aurait dû se montrer plus ferme, plus autoritaire et dire ce simple mot qu’il avait été incapable de prononcer envers Luna : non. Après tout, peut-être était-ce le prix à payer. Errer au milieu des hommes était peut-être sa punition, peut-être n’avait-il pas le droit de se sentir heureux au milieu de ses pairs.
Le gardien était toujours là, ne devinant toujours pas ce que faisait ici cet hybride hésitant. Rentrer ou partir, c’était pourtant simple. Salem perçut des pas et aperçut au loin un grand brun arriver en sa direction. Peut-être saurait-il l’aider, lui.

J’étais tout seul dans le pensionnat, à errer, les cours n’avaient pas encore commencé et moi, j’étais réveillé depuis cinq heures du matin. Je me promenais donc dans les couloirs à la recherche d’une personne à aider quand je fonçais dans une femme assez âgée et très grande, une trolle certainement. Quand elle me vit, elle me demanda, si j’avais besoin d’aide. Je lui répondis que non et que justement je voyageais dans les couloirs à la recherche de quelqu’un qui avait besoin d’aide. Elle me regarda et me dit que s’il voulait aider quelqu’un le proviseur avait besoin de quelqu’un pour un service.
Je fonçais donc jusqu’au bureau du proviseur au rez-de-chaussée. Je toquai et il me dit d’entrer. Je lui expliquai qu’une femme dans le couloir m’avait dit qu’il avait besoin d’aide. Ne comprenant pas qui il me demanda de la définir. Je la définis brièvement et il me dit que c’était sa secrétaire et que oui il avait bien besoin d’aide. Un homme était au portail, hésitant et qu’il ne pouvait pas l’accueillir parce qu’il avait un rendez vous important. Je ne fus pas si sur que son rendez vous était « important » mais j’acceptai tout de même la mission. Il me dit donc ce que je devais faire ainsi que de partir le plus vite possible.
Je parti donc nonchalamment puis il me dit que si ça se trouvait, il était venu pour intégrer l’école donc je sorti mes ailes et courut en battant de mes deux parties non humaines pour aller plus vite. Arrivé à la grille et je m’arrêtai d’un battement d’aile en contre-sens, ce qui fit déplacer a poussière sur le chemin. Quand je le vis, je souris, il avait l’air perdu, enfin quelqu’un à aider, j’espérai juste que ma partie démon ne se réveille pas au même moment sinon c’était perdu.

« bonjour puis-je vous aider ? »

J’attendis quelques secondes qu’il me voit et vienne me voir puis me présentai.

« Je suis Tsubasa Centowaî, élève de première dans ce lycée, si vous voulez intégrer le bâtiment, je me ferais une joie de vous donner les informations dont vous auraient besoin ainsi qu’une visite du pensionnat si les cours n’auront pas encore commencés. »

Salem put voir avec précision la personne qui fonçait droit sur lui, ailes sorties. Il battait de ses deux membranes parsemées de plumes et arborait un sourire presque artificiel. Qui éta it donc ce drôle d’inconnu ? Salem se méfia. Il sortit ses griffes et se prépara à user de ses crocs si la rencontre devait virer bien vite à l’affrontement : les armes les plus rudimentaires qui soient. L’autre sep osa avec délicatesse au sol et l’observa quelques instants. Finalement, il décida d’aller le voir et finit par se présenter. Ainsi, ce drôle d’animal se nommait Tsubasa. Super. Il était bien avancé avec ça.
L’autre continua de parler mais déjà Salem n’écoutait plus. Pourquoi possédait-il ces deux ailes sombres ? Pourquoi tenait-il tant que ça à vouloir l’aider ? Qui était-il réellement ? Lasse de ces questions, il abandonna la partie et joua avec la pierre sur laquelle il était assise, s’efforçant de la creuser par endroit à l’aide de ses griffes fines et acérées. Finalement, l’hybride se décida de sortir enfin de son mutisme et toisa l’autre avec dégoût.

- Vous êtes mon ange gardien ou une autre connerie de ce genre ?

La chimère serra les poings. Après tout, il est vrai que bon nombre de religions prétendent que des anges, séraphins et autres bêtes peuplent les cieux dans l’attente de saluer les âmes montantes au Paradis. Conneries. Si ce zigoto était réellement son ange gardien, il ne l’aurait pas laissé souffrir au milieu des humains. Il aurait entendu chacune de ses prières et exauçait chacun de ses vœux. Qu’avait-il donc demandé ? Sauver Luna. Et même ça, un misérable ange n’était même pas fichu de le faire alors que les mortels leur attribuait des pouvoirs dépassant l’imagination ! Maintenant qu’il semblait qu’il en avait un devant lui, il comprenait qu’ils n’étaient rien d’autre que de misérables humains vêtus d’une paire d’ailes juste pour l’esthétisme. Il cracha au sol pour montrer à tous ce qu’il pensait d’eux. Il fit ce geste sous le regard toujours amusé du gardien et les sourcils froncés de l’autre brun venant de faire son arrivée.

- Non tu peux pas m’aider alors barre-toi avec tes jolies ailes hors de ma vue avant que je ne te les casse en deux !

Le tutoiement avait remplacé le vouvoiement. Hors de question d’avoir du respect pour ce type, ange ou non ange ! L’autre gardien se mit à rire bruyamment, curieux de la tournure que les évènements prenaient. Il n’avait jamais vu quiconque manquer de respect à un élève de cette école Lisienne, c’était une première ! De tels spectacles ne se voient pas tous les jours. Il coupa le son de la radio et se plaça face aux deux jeunes de façon à ne pas perdre une miette de ce qui allait se dérouler. Il courut chercher du pop corn dans le fond de la pièce dans laquelle il était terré, bougea son canapé et s’installa confortablement. Voilà, il était fin prêt à assister au combat du siècle ! Mais si jamais ces deux guignols-là n’en venaient pas aux mains ? Mieux valait les aider un peu.

- Oh chaton ! Arrête de trembler, on dirait que tu vas te pisser dessus !

Salem tourna la tête en direction de son nouvel interlocuteur. Mais de quoi se mêlait-il, ce pauvre bougre ? Qu’il retourne donc à ses occupations et qu’il lui foute la paix ! La chimère ramassa une canette vide et la balança sur la vitre protectrice de la demeure du gardien, derrière laquelle celui-ci le narguait. La vitre explosa. Plusieurs éclats de verre tombèrent au sol et volèrent dans les airs avant de se perdre entre les herbes. Le vieux eut tout juste le temps de se mettre à l’abri, n’ayant pas vu le geste venir.

- Si jamais j’ai besoin de vous pour déloger des chewing-gums coincés sous les tables, j’vous appellerai ! Tss !

Salem se rassit et toisa une nouvelle fois l’autre brun, perplexe. Pourquoi était-il encore là, celui-là ? Il était sourd ou quoi ? L’hybride soupira, comprenant qu’il avait affaire une fois de plus à l’un de ces crétins bornés dont il avait le mérite d’attirer. Un jour, il faudrait que quelqu’un lui explique pourquoi il héritait toujours de la compagnie des plus cinglés des hommes.
Sa patte saignait. Voilà ce qui arrive lorsque l’on veut faire le fier. Il approche sa langue de sa blessure et la lèche jusqu’à ce que le sang cesse enfin de goutter. La blessure n’était que peu profonde, la chair à peine meurtrie, cela cicatriserait vite. Il arracha un lambeau de son vêtement et s’en fit tout de même un pansement de fortune, au cas où. Il pansa la plaie du mieux qu’il put et observa le résultat une fois terminé. Au moins cela tiendrait et éviterait que le sang n’afflue encore.

Je passai outre sa voix méprisante et lui expliquai que je ne pouvais pas être son ange gardien car je n’étais jamais allé au paradis et que j’avais un partie démone en moi. Ensuite je lui demandai si je pouvais l’aider.

- Non tu peux pas m’aider alors barre-toi avec tes jolies ailes hors de ma vue avant que je ne te les casse en deux !, me répondit-il.

Je rangeais mes ailes noires et lui dis le plus poliment possible que je ne voulais pas me fâcher avec lui et qu’il ne devait pas m’insulter comme ça sous peine de voir ma partie démon surgir. Le gardien se mit alors à rire bruyamment. Je le regardai et lui d’arrêter ses sarcasmes. Il alla chercher du pop-corn et s’installa dans son canapé.

- Oh chaton ! Arrête de trembler, on dirait que tu vas te pisser dessus !

Je regardai le gardien et lui criai qu’il n’avait pas à se mêler de ça. L’homme-chat, lui lança une canette sur la vitre de la cabane et celle-ci explosa. Je regardai la vitre stupéfait. Mais je repris le dessus sur mes émotions et me tournai vers l’inconnu. Je lui dis qu’il n’avait pas besoin de faire ça. La patte du Neko saignait alors il la lécha pour la nettoyer, je lui dis que l’on pouvait s’il voulait aller jusqu’à l’infirmerie pour se faire soigner. Il e me répondit pas et mit un bandeau atour de la blessure. Je m’assit sur un rocher pas très loin et lui demandai s’il voulait faire un tour du pensionnat ou non. Je sourit comme si ça pouvait changer quelque chose.
Le gardien se releva et cria qu’il n’avait rien senti. Je le regardai d’un regard noir et allai le voir. Je lui expliquai, qu’il allait peut être rentré dans le pensionnat et que ça valait mieux pour lui de pas l’embêter. Je ne l’aimais pas c’était le gardien, mais il ne foutait rien de ses journée. A part écouter la radio et boire des bières il ne faisait rien d’autre, ça m’énervai beaucoup.
Je revint vers le Neko et m’excusai de l’avoir fait attendre

Salem ravala sa rage, préférant ignorer les propos de cet homme plutôt que d’y répondre. La violence n’avait pas réponse à tout. Que dirait sa chère Luna si elle le voyait agir ainsi ? Mieux valait qu’il se calme. Dans un sens, l’apparition de ce drôle d’ange tombait à pic. Au moins calmerait-il sans doute le jeu. Il essaya de faire le vide en lui, oubliant pendant un bref instant le monde qui l’entourait, cet homme ignoble qui était le gardien de ce lycée ainsi que la douleur s’emparant peu à peu de sa patte. Il avait l’habitude de ce type de traitement. Depuis longtemps, depuis qu’il possédait cette apparence monstrueuse, les pointements de doigt se multipliaient dans les rues, les injures et les crachas au visage étaient devenus son quotidien.
Le gardien fut ensuite sermonné par le jeune brun dont il ignorait toujours le prénom. Il n’avait besoin de personne pour le défendre, toutefois il nota son geste dans un coin de sa tête. Il serait bon de s’en souvenir, tôt ou tard. Attentionné, il lui demanda aussitôt si il souhaitait aller à l’infirmerie, conscient que sa blessure n’avait rien de bénigne. L’infirmerie… Personne ne lui avait jamais apporté la moindre attention et le voilà qui lui, ne le fuyait pas et se mettait même à lui proposer son aide ! Tout cela devenait inconcevable pour lui, le chat de gouttière habitué aux rues.

- J’ai pas besoin d’aller en l’infirmerie. J’en ai vu d’autres, t’sais !

L’autre s’enquérit ensuite de savoir si il voulait visiter le lycée à ses côtés. Ce n’était pas une mauvaise idée. Au moins pourrait-il se faire une idée précise des lieux et juger si il devait partir ou rester. Il était dans un mauvais état d’esprit en ce moment. Trop d’éléments nouveaux le mettaient en colère, il n’arrivait pas à se concentrer pleinement pour pouvoir réfléchir aisément, comme il se devait. Il eut honte d’un tel comportement à l’égard de Luna, elle qui avait sacrifié sa vie pour lui et celles des autres lors de ce laboratoire, lors de cette nuit sans lune où le sang avait coulé à flot.
Il voulut ouvrir la bouche pour lui répondre mais le jeune homme était déjà parti auprès du gardien pour lui dire sa façon de pensée. Lorsqu’il revint enfin, sa réponse était toute prête dans sa tête et, pour la première fois depuis la mort de Luna, un faible sourire naquit sur ses lèvres. Tout cela lui redonnait de l’espoir. Un peu comme ce lever de soleil qu’il avait vu pour la première fois. Cela était porteur de bonnes nouvelles et d’espoir, d’un monde meilleur le lendemain.

- D’accord pour visiter le lycée. Mais pas d’embrouilles, hein ? J’me fais mon avis sur c’bahut et si ça m’plait pas, j’me casse illico. OK ?

Il n’attendait aucune réponse de la part de l’autre, les conditions étaient clairement posées et c’était non discutable. Son interrogation n’était que pure question rhétorique. Il se leva, il jouait souvent les durs, son aspect repoussant ne le faisant en aucun cas passer pour un doux, même si il était juste en manque d’affection. La seule personne en qui il avait confiance est morte désormais. Comment accorder à nouveau sa confiance à quelqu’un si ce n’est grâce au temps ?




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