Arthur avait décidé de s’excuser au prêt de Wilster, son petit-ami depuis quelques mois déjà. Il avait vraiment peur que leur histoire d’amour soit brisée, comme la lampe de chevet ou encore pire, comme le miroir. Il ne voulait pas perdre cet être si cher à ses yeux. Après une telle dispute le plus souvent les deux personnes souffrent mais il avait très bien compris que Wilster devait lui en vouloir plus que le reste. A vrai dire, il savait bien qu’il avait été trop loin. Qui peut se permettre de dire que sa moitié lui ment sans représailles ensuite ? Personne.

Il allait devoir se faire pardonner sous peine de perdre le professeur de lettres à jamais. Se serait triste de souffrir le reste de son éternel existence pour une accusation qu’il avait regrettée presque aussitôt. Une fois seul dans le couloir, il avait bien compris qu’il allait s’en mordre les doigts. L’infirmier avait alors passé le reste de cette nuit horrible dans son bureau, déjà vêtu de ses vêtements de rechange qu’il avait amené ici au cas où. On ne sait jamais lorsqu’on fait ce genre de métier, une tâche de sang peut vite venir orner vos vêtements. S’il avait su qu’il les enfilerait dans une telle situation…

Arthur avait passé ses dernières journées à l’infirmerie, peinant à soigner les petits bobos du quotidien ce qui ne lui ressemblait pas. Il aimait tellement son travail que normalement, il souriait à tout le monde pour rassurer ses rares patients. Tout lui semblait plus difficile depuis sa dispute avec le blondinet. Heureusement qu’il n’avait pas à s’occuper d’un cas trop grave, il en aurait surement été incapable. Ses mains tremblées à tous ses gestes même les plus bénins. Malgré tout, il arrivait à maîtriser la situation pour que personne ne se rende compte de son état. En fait, personne ne remarquait son changement d’humeur puisque personne ne le connaissait personnellement à par Wilster.

Hier, au moment du déjeuner, il était retourné dans la chambre. En ramassant les débris des lampes et celui du miroir, les souvenirs de la nuit lui étaient revenus en mémoire. Cependant il n’arrivait pas à en vouloir à Wilster, il ne lui avait rien fait de mal en fait. Il lui reprochait surement son accusation mais s’était lui qui avait commencé à lui mentir. Il ne dormait pas de la nuit et pourtant il faisait semblant. C’était une forme de mensonges ! La situation ressemblait bien à une dispute d’enfant de maternelle même si les conséquences pouvaient être bien pires s’ils n’arrivaient pas à s’entendre de nouveau. Ils ne s'étaient pas reparlés depuis plusieurs jours déjà.

Arthur savait bien qu’il ne supporterait pas de perdre Wilster. Dans ce cas, il ferait surement la même chose que d’habitude : fuir. Et pourtant, il ne voulait pas cela, il voulait même le contraire. Même s’il devait camoufler sa peine, il vivrait avec le rejet de son amant. En tout cas, il ne le laisserait pas le quitter sans s’expliquer ! Il allait s’excuser même s’il devait le faire au microphone de l’école, dévoilant au passage leur idylle. Il aurait préféré être seul mais ce n’était pas possible avec un métier comme le sien.

Il allait diner au réfectoire comme tout le monde… sauf Wilster. Ce dernier n’était pas venu manger. Arthur ne l’avait même pas aperçu au déjeuner et ceux depuis la dispute. Faisait-il régime ? Non bien sûr, il évitait juste son colocataire. Quoi qu’il en soit, après un diner léger du fait que l’infirmier avait du mal à avaler ce qui se trouvait dans son assiette, il retournait furtivement dans les escaliers. Ce qui était bien ici, à Lisienne, s’était qu’il y avait des escaliers un peu partout et que parfois avec chance on ne croissait pas les gens qu’on évitait. En ce jour, il aurait bien aimé qu’il n’y ait qu’un escalier pour être sûr de croiser son amoureux…

La chance était surement de son côté d’ailleurs. Alors qu’il arrivait au premier étage, il aperçut une silhouette qu’il connaissait bien. Wilster était là ! Il regardait le panneau d’affichage avec une attention qu’il ne lui connaissait pas. Arthur l’observait sans se faire remarquer. Il était en colère et cela ne présager rien de bon. La tâche qu’il s’était confié allé être plus dur que prévu. Sans pour autant se décourager, il s’approchait en silence du blondinet s’arrêtant pile derrière lui. Son tremblement incontrôlable repris mais cette fois, s’était tout son corps qui tremblait. Il prit une grande inspiration avant de prendre la parole.

« Wil… Je suis désolé de ne pas t’avoir cru. Je ne veux pas qu’on se sépare… Je tiens trop à toi pour te laisser me quitter pour ça. Je t’assure que maintenant je croirais tout ce que tu me diras. Je retire ce que j’ai dit… Tu n’es pas un menteur. J’ai dit ça parce que j’étais déçu que tu ne m’aies pas parlé de tes soucis pour dormir… Pardon de t’avoir blessé… Pardon. »

Dans un dernier élan, il lui attrapait la main, retenant comme il le pouvait ses larmes. Rien que de parler d’une potentielle rupture lui suffisait pour avoir envie de pleurer… Maintenant, il espérait ne pas se prendre une gifle et surtout que Wilster lui pardonne sa maladresse. Il ferait tout ce qu’il pourrait pour reconquérir le cœur de l’homme de sa vie.

Arthur se sentait presque rassuré que Wilster ne l’ai pas rejeté. Il ne répondait pas vraiment à ses inquiétudes mais enfin, il ne l’avait pas non plus repoussé. A vrai dire, il ne disait rien et ne le regardait même pas. Est-ce qu’Arthur avait réussi à récupérer son amant ? Rien n’était moins sûr. Le brun observait d’abord son dos avant que ce dernier ne se retourne. A ce moment-là, l’infirmier aurait préféré qu’il le regarde, lui dise ce qu’il ressentait... Mais il n’en fit rien. *Pitié ! Pitié ! Ne me gifle pas* Suppliait-il intérieurement. Il était encore possible qu’il se venge en le frappant. Wilster était tellement imprévisible.

Les yeux toujours remplis de larmes, il observait très attentivement les moindres gestes de l’homme qu’il aimait. Le blond faisait alors un pas puis deux vers lui. Il avait toujours le visage neutre, sans aucun sourire qui aurait pu rassurer ne serait-ce qu’un peu l’ange déchu. Dans son esprit une vraie bataille était en train de se faire. D’un côté, il voulait fuir pour ne pas se faire frapper et de l’autre, il voulait se jeter sur Wilster pour le serrer contre lui. Lorsque le professeur de français déposait doucement sa tête contre son épaule, Arthur soupirait de soulagement. Peut-être que tout n’était pas perdu. Peut-être même que sa maladresse lui serait pardonnée.

Wilster brisait alors le silence en chuchotant une phrase qu’il avait l’habitude d’entendre : « j’ai sommeil. » Très souvent, il l’avait le droit à ce genre de propos pour exprimer son envie de dormir. C’était devenu naturel pour Arthur d’entendre cela. Il préférait ne rien dire, le gardant encore quelques minutes contre lui, pour s’assurer que ce n’était pas un rêve. Wilster était donc vraiment là, blotti contre lui ? En effet. De pouvoir sentir l’odeur de son colocataire, entendre sa voix, le serrer dans ses bras, ceci était important pour le brun. Wilster lui avait manqué, il ne pouvait avoir aucun doute sur ça.

Arthur décidait alors, avec regret, de se séparer de lui. Il gardait cependant dans ses mains, celles de son ami. Après lui avoir adressé un sourire sincère, il déposait un baiser sur sa joue n’osant pas embrasser ses lèvres. Puis il l’emmenait vers l’escalier pour retrouver au plus vite la chambre qu’ils avaient partagée pendant quelques mois. De toute façon, même si Wilster préférait dormir seul cette nuit, il y avait toujours la solution de séparer les deux lits pour les remettre comme ils étaient auparavant. Il comprendrait qu’il préfère dormir seul après une telle dispute. L’infirmier serait rassuré que son colocataire dorme de nouveau dans la même chambre que lui. Il pourrait dans ce cas se réveiller s’il faisait un cauchemar.

« Wil… si tu préfères dormir seul cette nuit, on peut toujours séparer les lits, comme avant… »

Il voulait que tout redevienne comme avant cette dispute. Arthur ferait alors tout son possible pour être présent pour Wilster, il l’écouterait et s’efforcerait de le croire. C’était la meilleure solution pour ne pas perdre cet homme qu’il aimait tant. Dormir loin de lui quelques nuits supplémentaires ne pourrait être qu’une bonne idée pour qu’ils puissent se retrouver plus tard. Une fois arrivée devant la porte de leur chambre, Arthur l’ouvrait en utilisant sa clé. La dernière fois qu’il était entré ici, il avait eu envie de s’effondrer en larmes mais il n’avait rien fait de ce genre. Il préférait rester serein même si ce n’était pas vraiment son fort.

Il s’asseyait sur la première chaise qui croissait son chemin, attendant quelques minutes pour voir ce que Wilster allait faire. Eloigner les lits l’un de l’autre ou alors s’y coucher sans porter d’importance à tout cela ? Telle était la question.

Wilster ne répondait pas à ses craintes. De ce fait, Arthur ne savait pas s’il dormait encore une fois seul ou s’il aurait la chance de sentir le corps de son petit-ami contre le sien. Il sentait une nouvelle fois les larmes lui montaient aux yeux. Stupides disputes qui lui mettaient les nerfs à fleur de peau. Déjà qu’il était très fragile psychologiquement du fait de sa dépression, Arthur ne supportait pas ses tensions en plus dans sa vie. Il déclenchait trop souvent des disputes pour presque rien. Cette nuit-là, en plus de ne pas comprendre ce qui arrivait à son ami, il était fatigué. Quelle idée de se prendre la tête à 5h30 du matin.

Wilster allait s’accouder à la fenêtre sans dire un mot ni lui faire un sourire. Puis, il abordait le sujet de la jalousie légendaire des femmes. A vrai dire, l’infirmier n’y connaissait pas grand-chose aux femmes. Dans sa « jeunesse » sur terre, il changeait de quartier toutes les semaines et donc de compagne par la même occasion. Certaines d’entre elles étaient mariées d’autres fiancées. Arthur savait bien que c’était mal de se comporter comme ça. Il avait juste besoin de compagnie et puis il ne les violait pas non plus. Si elles trompaient leur mari ou fiancé c’était leur choix. Et pourtant rien que de penser à ça, il regrettait d’avoir agi ainsi avec elles.

L’infirmier regardait son ami qui lui tournait encore le dos. Il ne savait pas vraiment comment réagir face à ses questions et ses révélations. Julia ? Qui était-elle ? C’est vrai qu’il ne connaissait pas son passé. Il savait qu’il avait vécu 250 ans mais rien de plus. Il avait surement dû avoir une femme et probablement des enfants. Il s’en passe des choses en 10 ans alors en 250 ! Peut-être même qu’il avait été marié plusieurs fois… Arthur pensait alors que son petit ami avait été hétérosexuel avant de le rencontrer. Lui, même s’il s’était bien amusé avec les femmes, avait toujours préféré la gent masculine.

« Ton ex-femme ? Non je ne savais pas que tu avais été marié. »

Il utilisait alors le terme de cauchemardesque. Cette femme pouvait-elle réellement être à l’origine des cauchemars de son petit ami ? Possible. Dans ce monde il y avait tant d’événements inexpliqués… D’ailleurs, Arthur se souvenait du souci de son meilleur ami, Dorian. Lui, il ne voyait pas sa fiancée dans ses rêves mais en chair et en os et il était le seul à la voir. A l’époque, l’infirmier avait cru son ami alors pourquoi n’avait-il pas cru Wilster ? Il ne le savait pas lui-même. Peut-être que le psychologue pourrait aider le blond. On ne sait jamais, son don de nécromancien pourrait être utile.

« J’ai un ami qui pourrait surement t’aider. Il parle aux morts et il travaille comme psychologue ici. C’est mon meilleur ami, tu peux lui faire confiance il ne te trahira pas. »

L’ange déchu allait rejoindre le professeur de lettres sur le lit. Il s’asseyait à son côté en le regardant avec un sourire en coin. Il avait envie d’essayer de l’embrasser, juste pour être rassuré sur les sentiments de son ami. Ce dernier ne semblait pas vouloir dormir seul puisqu’il ne séparait pas les lits. Peut-être qu’il accepterait un signe d’affection après une telle dispute. Arthur se disait qu’un simple baiser ne pouvait pas lui être refusé alors il approchait doucement son visage de celui de Wilster pour déposer délicatement ses lèvres sur les siennes. Même si les tensions n’avaient duré que quelques jours, cette sensation lui avait manquée.

« Je t’aime Wil et rien ni personne n’a le droit de te faire douter de ça. »

Wilster avait accepté d’aller voir Dorian, le psychologue. C’était plutôt rassurant parce que lui il allait pouvoir l’aider. Il suffisait juste qu’il lui fasse confiance et rapidement le professeur se sentirait plus libre. Arthur était heureux et il espérait que son meilleur ami allait pouvoir l’aider. Si le professeur pouvait être un peu plus heureux après cela… Ce serait un soulagement et un poids en moins dans leur couple. Peut-être qu’ils ne se disputeraient plus autant et qu’enfin ils arriveraient à être de plus en plus heureux. Après tout il ne cherchait que cela… être heureux. Le bonheur n’était pas aussi facile que cela à obtenir. L’amour n’était hélas pas suffisant dans certain cas.

Arthur rompait rapidement le baiser. Il souriait de soulagement à sa moitié. Leur couple n’était pas terminé et peut-être qu’un jour ils pourraient l’afficher aux yeux de tous. Les voisins devaient déjà être au courant mais ce n’était pas si grave puisqu’ils étaient dans le couloir des professeurs et des membres du personnel. Quel serait l’intérêt pour des adultes de les mettre mal à l’aise face aux élèves ? Il n’y en avait pas vraiment à moins qu’ils soient stupides et qu’ils aiment faire souffrir les gens… Bref on s’en fichait des voisins. Wilster avait eu la brillante idée de pousser Arthur sur le lit pour qu’ils se retrouvent allongé tous les deux.

Il devait vraiment avoir envie de dormir… Non, l’infirmier n’imaginait pas que son amant pouvait avoir envie de coucher avec lui. C’était toujours lui qui faisait le premier pas quand il en avait envie au risque de se faire repousser. Il était vexé quand cela arrivé mais il ne le disait jamais pour ne culpabiliser personne. Il se disait qu’il devait être trop demandeur et il comprenait que Wilster n’ait pas forcément envie. A la fin, il en était arrivé à ne presque plus demander de peur de se faire rejeter. Aujourd’hui, il préférait attendre un peu avant de croire que c’était un signal de quoique ce soit.

Wilster lui avouait enfin qu’il l’aimait. Même si les mots n’étaient pas forcément nécessaires, il se sentait très heureux de savoir l’étendue des sentiments qu’éprouvait Wilster à son égard. Lorsque ce dernier passait sa main sous sa chemise pour lui caresser le ventre en lui embrassant le cou il se posait de sérieuses questions. La dernière fois qu’Arthur c’était posé la question du « je tente ou pas » s’était le jour de leur première fois c’est-à-dire le jour de Noël dernier. Le professeur avait été son cadeau et il ne s’y attendait pas du tout du coup, il avait été assez long à la détente.

Arthur savait qu’après une dispute, certain couple aimait bien ce rabibocher sur l’oreiller. Peut-être que c’était le cas de son petit ami. Pour une fois que Wilster faisait le premier pas autant en profiter non ? Il tirait le blond vers lui pour qu’il se retrouve allongé au-dessus. Non, il n’avait pas l’intention de lui demander de dominer s’il ne voulait pas c’était juste plus facile pour lui de se retrouver en dessous pour le moment. L’infirmier passait une main dans les cheveux du blond et l’embrassait, forçant le passage avec sa langue. Il commençait déjà à déboutonner avec douceur la chemise de son amant en descendant ses baisers sur son torse.

« Wil… hm… j’ai envie de toi »

Léchant vivement un téton puis l’autre pour ne pas faire de jaloux, il essayait de transmettre son désir à son partenaire. Ses mains glissées dans son dos en le caressant de haut en bas sous la chemise. Puis il déposait l’une de ses mains sur ses fesses et il se servait de l’autre pour ouvrir la fermeture du pantalon de Wilster. L’infirmier commençait à tripoter doucement sa virilité à travers son boxer.

Le plaisir était au rendez-vous. Quand Wilster s’y mettait la température montait très vite. Arthur ne s’était pas trompé, il s’agissait bien d’un signal d’alarme. Tant mieux, il allait pouvoir profiter pendant un moment de son compagnon. Ce genre de moment était rare et donc précieux pour lui. Il le regardait attentivement lorsqu’il ouvrit sa chemise et que ses lèvres se déposèrent délicatement sur la peau de son torse. Il allait se retrouver avec un joli suçon sur la poitrine mais à cet endroit il y avait toujours moyen de le cacher. Le moindre geste de Wilster l’excitait doucement mais surement.

L’infirmier passait sa main dans les cheveux blonds de son amant quand ce dernier se mit à lui caresser les tétons avec ses pouces. Il avait du mal à retenir ses gémissements tellement il aimait cette sensation. Ce genou qui se frottait vivement contre son entre-jambe, un véritable délice. Il priait intérieurement pour que ça dure encore quelques minutes. Être le soumis des deux n’était pas si mal après tout. Le brun fermait les yeux pour savourer l’attraction que Wilster avait sur lui. Il soupirait de plaisir en caressant doucement les fesses du professeur. Un sourire se dessinait sur son visage.

Le blond descendait jusqu’à son nombril pour introduire sa langue à l’intérieur. A cet instant, Arthur ne pouvait plus retenir ses gémissements. Il murmurait plusieurs fois le prénom de son compagnon en s’accrochant au drap du lit. Une main étrangère venait lui tripoter sa virilité déjà durcit par le désir. Ses vêtements commençaient à devenir gênant alors il retirait sa chemise et la lâchait sur le sol toujours en gardant les yeux fermés. Il ne préférait pas regarder pour le moment, se laissant submerger entièrement par son plaisir. Wilster savait vraiment si prendre avec lui malgré son manque d’expérience avec les hommes.

Lorsqu’Arthur rouvrait les yeux, il eut une vision terrible. Dans la pénombre de leur chambre, il ne voyait que les cheveux blonds de son amant, ses cheveux de la même couleur que ceux de Damien. Il s’imaginait alors en train de coucher avec ce dernier. Malheureusement s’était cela le problème de sortir avec quelqu’un qui ressemblait un minimum à son ex. L’infirmier pâlit et il se redressait rapidement dans le lit. Il suppliait Wilster d’arrêter. Non il ne voulait plus continuer. Son désir était très vite retombé. Rien que l’image de Damien ne lui permettait pas de désirer son petit ami.

« Je… Je suis désolé. Je ne peux pas continuer. Je ne veux pas. Bordel il fallait qu’il vienne m’emmerde dans un moment pareil ! Je le déteste… »

A ces derniers mots, Arthur fondait en larmes. Il s’asseyait dans le lit en ramenant ses genoux jusqu’à son torse et se cachait le visage à l’aide de ses mains. C’était vraiment pitoyable de pleurer à cause de cela et il le savait mais là, il n’arrivait pas à faire autrement. Damien arrivait encore à lui pourrir la vie même mort depuis des centaines d’années. L’infirmier était enchaîné à son passé et contrairement à Wilster ou Dorian, il n’avait pas de porte de sortie. Le blond pouvait toujours essayer de discuter avec sa femme avec l’aide du psychologue alors que lui devait rester avec le souvenir de son ex.

Il ne pouvait pas s’adresser à Damien en personne puisque l’âme de ce dernier était enfermée en enfer. Même Dorian ne pouvait pas atteindre cet endroit… Il le savait qu’en arrivant sur terre il serait maudit à jamais mais il ne pensait pas que ce serait aussi difficile de vivre avec ce souvenir dont il ne pouvait se détacher.

C’est si terrible de vivre avec une telle malédiction… Un ex qui vous hante alors qu’il n’est plus de ce monde, un nom qui ne cesse de revenir à votre esprit même si cela fait des années que vous ne lui avez pas parlé… Les larmes que vous avez versées le jour où vous l’avez perdu sont bien trop nombreuses pour être comptées. Tout cela Arthur aurait aimé l’oublier mais il ne pouvait pas. Sa longue cicatrice en diagonale barrant son torse était là pour lui rappeler chaque jour. Quoi qu’il fasse, se retrouvait nu devant quelqu’un était toujours un supplice. Comment voulez-vous expliquer que c’est votre ex qui vous a fait ça avant de mourir ?

Non, Arthur ne pouvait pas expliquer à tout le monde d’où lui venait sa cicatrice. En un sens elle faisait partie de lui et si elle n’avait pas été là, il n’aurait peut-être pas été celui qu’il est aujourd’hui. Malgré tout, il aurait tout donné pour la faire disparaitre. Comment peut-on vivre normalement avec le souvenir d’un ex ? Malheureusement on ne peut pas. Il s’était même demandé si le bonheur allait lui être offert un jour. Le fait que Wilster ressemble à Damien avait été un avantage mais aujourd’hui c’était plus une contrainte qu’autre chose… Evidemment, l’infirmier ne demanderait pas à son petit ami de changer pour lui mais il allait devoir faire avec.

Wilster lui tendait un mouchoir qu’Arthur s’empressait d’utiliser pour essayer ses larmes. Ces dernières ne cessaient pourtant pas de couler sur ses joues… Il savait bien que de penser à son passé n’était jamais bon pour lui mais là, sa crise de larmes était la pire depuis bon nombre d’années. Il soupirait en essayant d’oublier ses malheurs tout en sentant les doigts du professeur effleuraient sa joue. Son ami lui conseillait de dormir alors qu’il en avait bien plus besoin que lui. Ses cernes témoignaient de son manque de sommeil. Cependant, le brun allait l’écouter. Il ne résistait pas quand Wilster le tirait doucement sur le lit pour qu’il s’allonge.

C’était vrai qu’il avait besoin de dormir. Après leur dispute, Arthur n’avait cessé de penser au professeur de lettres. Il se demandait pourquoi il n’avait pas pu le croire plus tôt et évidemment est-ce qu’il allait pouvoir le récupérer. Toutes ses questions demeuraient sans réponse et malheureusement à cause de cela, il n’avait pas pu dormir beaucoup la nuit… A cette heure avancée de la nuit, les souvenirs étaient là et il allait devoir penser à autre chose pour dormir sereinement. L’infirmier se disait que le retour de Wilster était une bonne nouvelle mais il n’arrivait pas à imaginer que c’était définitif. Une dispute est si vite arrivée…

D’autres pensées venaient de nouveau le troubler. Il se mit à penser que, peut-être il ne pourrait plus coucher avec Wilster sans penser à son ex. Ce serait fâcheux… mais il s’en accommodera. Arthur ne se voyait pas du tout sans avoir de vie sexuelle. Déjà qu’avec Wilster elle était bien réduite, il ne pouvait pas s’imaginer la frustration que ce serait sans ne pouvoir rien faire du tout. Surtout que dans ce cas-là, se serait de sa faute. Non, hors de questions qu’il laisse Damien lui pourrir la vie ainsi. Il allait devoir sérieusement focaliser son attention sur Wilster pour ne plus penser à son ex diabolique.

« Nos erreurs du passé trouvent toujours le moyen de nous hantez mais dans certain cas il n’est pas possible de les arrêter. » commençait-il, une fois que ses sanglots ont cessé. « Mon cas est désespéré mais le tien ne l’est pas encore. Je suis sûr qu’un jour on pourra vivre normalement tous les deux. On trouvera un moyen de faire taire ta femme pour que tu puisses dormir et moi, j’arrêterai de me torturer avec mes souvenirs. »

A ses mots, Arthur fermait les yeux et il soupirait un grand coup. Il allait enfin pouvoir dormir même s’il savait que sa nuit n’allait pas être aussi belle qu’il l’aurait souhaité. Il imaginait également que la femme de Wilster n’allait pas laisser ce dernier dormir convenablement. Il allait vraiment falloir que Dorian intervienne pour l’aider. Il est leur seule chance dans une telle situation. Alors que son esprit s’apaisait peu à peu, l’infirmier se laissait submerger par le sommeil. Il ne savait pas ce qu’aller lui apporter la journée de demain mais peu importe, Wilster était de nouveau près de lui et il allait pouvoir le serrer contre lui toute la nuit.