Aujourd'hui avait lieu le premier cours depuis que j'étais arrivé ici. Il fallait dire que j'avais assez hâte d'apprendre. Après tout, on pouvait bien dire que j'étais quelqu'un d'assez studieux. Le seule problème, c'étais la matière. Un cours d'histoire. Passer presque cent ans dans une bibliothèque de magie n'aide pas vraiment à connaître l'histoire moderne. Déjà que je la connaissais moyennement bien au cours de ma jeunesse, alors maintenant... Mais bon, il y a toujours une manière de se rattraper. C'est pour cette simple raison que j'ai décidé de venir dans la salle de classe une demi-heure d'avance, histoire d'en apprendre un peu plus sur la matière. Et en lisant les passages sur la Grande Guerre, j'eus un choc des plus terribles et ébranlants.

-Hazám! Nem!

Autriche-Hongrie, le pays de mon enfance et de ma famille depuis des lustres, n'existait plus! Je n'arrivais tout simplement pas à le croire. Mon pays, là où j'avais vécu tant de bons moments avec mes frères et soeurs. Ce pays qu'on disait puissant et fier. Disparu. Et dire qu'il avait perdu la Grande Guerre, ça me fait un choc. On disait tout le temps que la victoire était imminente, que notre triomphe serait total. Au final, ce n'était rien de plus que de la propagande pour nous donner de l'espoir. Maintenant, c'était l'Autriche et la Hongrie d'après ce que je pouvais lire. Je venais de qu'elle pays moi? De quel nationalité je me définissais maintenant? Hongrois? Non. Au plus profond de mon être, je savais que j'étais un Austro-hongrois, et rien ni personne ne changerai ma nationalité. J'ai été fier de pouvoir me dire Austro-hongrois, je le suis encore, et je le serai pour le reste de mon existence. Je retournai alors à mon livre d'histoire. Le monde avait vraiment vécu beaucoup de choses pendant que j'étais dans ma bibliothèque. Il semblerait qu'il y ait une autre Guerre Mondiale. Et encore une fois, c'étais la faute des allemands. Si seulement l'Autriche-Hongrie ne les avaient pas suivis dans cette guerre insensée contre les forces alliés. Et cette fois, les Allemands avaient eu un dictateur, un certain Adolf Hitler. Bah, ce n'est pas comme si ça changeait vraiment de leur grand empereur. Au final, ils ont encore perdu. Ensuite, il y a la guerre froide. La Russie qui était devenu puissante? J'avais de la difficulté à en croire mes yeux. À mon époque, c'était évident que ce pays touchait à sa fin. Le roi de Russie était sur le bord de tout perdre ses pouvoirs.

-Il n'y a pas à dire, l'histoire à vraiment changé depuis mon époque...

Puis, je vis les élèves et la professeure entrer dans la classe. Le cours devait bientôt commencé. Je fis un sourire amicale à l'enseignante. Puis, je me tournai vers la personne assise à côté de moi et lui tendis la main sans vraiment prendre le temps de regarder qui c'était.

-Bonjours. Je suis Franz Korda, ravi de vous rencontrer.

Ce matin, j’allais devoir me rendre en classe pour le premier cours de toute mon existence. On peut dire que je n’avais pas trop envie d’y aller, car étudier semble très ennuyant. Pour me stimuler un peu intellectuellement, je récitai tout le code d’honneur de mon père. Je me laissai tomber par terre pour reprendre ma respiration et détendre un peu mes muscles. J’ai passé tant d’année à m’entraîner avec mon père jour après jour, et tout cela me manque. Et dire que je vais peut-être perdre toutes ces années d’entraînement pour aller étudier dans une école. Ça suffit, il faut toujours penser positivement Astath, sinon je vais être irrespectueux envers mon enseignant et mes camarades de classe. Je vais commencer par prendre ma douche, histoire de ne pas trop asphyxier mes camarades de classe. Maintenant que j’y repense, peut-être que j’apprendrai de nouvelles choses pour m’entraîner. Cette idée me réjouit et j’allai d’entrain à mon premier cours de classe. J’espère ne pas offenser mon professeur avec de tels accoutrements. J’ouvris la porte et je vis un étudiant ainsi que la professeure. Je fis mon plus beau sourire à notre enseignante, je m’inclinai et je dis :
-Bonjour, je me nomme Astath Zacharias. Je suis enchanté de faire votre connaissance et j’espère être capable de réussir votre cours, car aujourd’hui sera mon tout premier jour de classes.

Après m’être présenté, j’allai m’asseoir près de l’autre étudiant. Je lui souris.

-Bonjours. Je suis Franz Korda, ravi de vous rencontrer.
-Bonjour, moi c’est Astath, je suis heureux de faire ta connaissance. J’espère que nous allons pouvoir être de bons amis.

Les autres élèves finirent par rentrer en classe et je fis connaissance avec certains d’entre eux. Certains d’entre eux semblaient étranges, mais tous semblaient être de bonnes personnes.

Deux heures d’histoire à la suite. Quelle galère ! Son réveil sonna, tentant tant bien que mal d’arracher Zoey à son songe. En vain. Après plusieurs sonneries assourdissantes, elle ouvrit un œil, l’esprit encore embrumé par le sommeil, éteignit l’appareil en le faisant tomber au col puis se rendormit aussi sec. Elle n’avait pas beaucoup dormi cette nuit-ci et ce n’était pas deux heures de perdues qui allaient déranger quelqu’un, surtout pas elle. Elle s’extirpa de son sommeil en hurlant. La tempe en sueur, elle courut vers la salle de bains pour se rafraîchir le visage. C’est alors qu’elle se rendit compte de l’heure : 7h55. Ses yeux seraient déjà sortis de leurs orbites si cela était possible. Elle se coiffa en quatrième vitesse, troqua son pyjama d’hiver contre des fringues plus présentables, termina de se brosser les dents et attrapa quelque chose à grignoter en route.
La sonnerie avait retentit qu’elle n’avait même pas mis un pied dehors. Merde, merde, merde ! Elle avait toute la cour à traverser ! Elle attrapa son sac en bandoulière, le jeta sur l’une de ses épaules et se mit à courir. Que dirait Amy si elle commençait à arriver ne retard dès son premier cours auquel elle devait assister ? Elle n’aurait pas de seconde chance, elle le savait très bien. Il était déjà rare que son hôte daigne l’écouter ou même coopérer avec elle, c’était un véritable miracle qu’elle lui laisse le contrôle de son corps pour quelques jours. Elle faillit déraper suite au verglas. S’étala sur les fesses au moins une fois. L’école voulait sa peau ou quoi ? une punition pour ne pas arriver à l’heure au cours ?

Elle pénétra enfin le couloir qui donnait sur les salles liées aux matières davantage littéraires : français, l’histoire géographie, la philosophie… Les salles concernant les langues se trouvaient à un autre étage et les matières scientifiques encore à un autre. Seuls les options se retrouvaient isolés, un peu éparpillés aux quatre coins de l’établissement. Un véritable labyrinthe, un parcours du combattant que l’emploi du temps imposait aux élèves.
Elle toqua à la porte, actionna la poignée avant même que le professeur ne lui ait donné l’ordre d’entrer et arriva essoufflée en cours. Elle jeta un regard à la pendule : vingt minutes de retard.

- Excusez-moi, finit-elle par articuler, panne de réveil.

Elle alla aussitôt prendre place aux cotés d’un garçon qu'elle connaissait déjà - la seule tête qui lui était familière. Elle l'avait rencontré peu de temps avant le début du cours, par hasard. Elle s'étira puios bailla. Pour le moment, la priorité était de devoir récupérer son sommeil perdu ! Pas sûr qu’Amy apprécie qu’elle se fasse remarquer dès le premier jour et qu’en plus elle roupille lors du cours. Elle posa ses bras contre son pupitre, sa tête à l’intérieur. Elle resta ainsi longuement, ne pensant même pas à sortir ses affaires. Lorsque cette idée lui traversa enfin l’esprit, elle se redressa, les yeux embrumés et sortit lentement son classeur, sa trousse et reporta son attention à son voisin – et non sur la prof.

- Hey tu t'souviens de moi ? Quelle question idiote ! Biensûr que tu dois te souvevenir de notre rencontre sur la véranda ! murmura-t-elle à l’intention de son voisin. Dis, c’est quoi le sujet du cours ? Pas que j’sois paumée mais un peu quand même ! lui fit-elle en lui adressant un faible sourire en coin.

Elle avait beau eut murmurer, il lui semblait que la blonde qui lui servait de prof avait tout de même sentit qu’elle parler avec l’autre garçon. Elle ne s’était même pas présentée à la prof. Tant pis. Lorsqu’elle allait en cours avant, il suffisait de mettre une pancarte avec son nom d’inscrit dessus et tout le monde était content, ce qu’elle fit dans l’immédiat. Elle se demanda alors quel prénom elle devait inscrire sur le bout de carton. Le sien ou celui d’Amy ? Elle mit finalement les deux. Si la prof se demandait pourquoi, elle n’aurait qu’à lui demander. Mais maintenant, place aux choses sérieuses ! Elle plaça à nouveau sa tête entre ses bras et ferma les yeux, se laissant bercer par les paroles incompréhensibles de la prof.

Amir se réveilla avec le soleil, comme à son habitude. Il ne pouvait supporter la nuit, la lune ne produisant que trop peu de chaleur. Cette habitude lui avait été transmise par ses parents, pour les quelques années qu'il passa à leurs côtés. Chaque fois qu'il se réveillait, il avait l'habitude de rendre visite à ses parents pour connaître la suite de son entraînement pour la journée. Malheureusement, cela ne se pouvait désormais plus. Il se tourna donc vers son orbe et l'observa, comme attendant une quelconque réponse de sa part. Rien. Il se résolut donc à se lever de son lit. Toutefois, comme c'était son premier réveil dans un lit, il tomba à la renverse. Sa journée commençait plutôt bien. Il mit ses habits, composés d'une grande veste noire, des pantalons et des souliers étincelants. Jamais il n'aurait supporté de voir ses vêtements souillés par quoi que ce soit.

Il se mit en marche pour se rendre à la cuisine, le seul endroit qui lui fut familier. L'odeur qui s'en dégageait était étrange pour lui, il avait l'habitude de sentir l'odeur de la viande fraîchement découpée, le résultat de sa chasse de la veille... Mais tous ces nouveaux aliments ne ressemblaient en rien à ce qu'il avait été habitué. Il y avait une multitude de plantes que les humains appelaient "fruits", ces choses qui découlent de la prolifération d'arbres ensemble... Il détourna le regard, dégoûté à cette idée. Il y avait également des aliments tirés directement de la terre, ce qu'ils appelaient légumes. Comment les humains pouvaient se régaler avec des choses pareilles? Ils étaient probablement pleins de vermines et d'excréments animaux. Cela non plus ne l'attirait point. Mais le pire fut lorsqu'il vît un cuisinier en train de faire cuire de la viande. La faire cuire? Quel sorte de rituel monstrueux les humains pratiquaient-ils? Il s'empressa d'attirer à lui une pièce de viande fraîchement coupée que le cuisinier n'avait pas encore fait cuire, puis s'éclipsa pour se nourrir à l'insu des regards indiscrets.

Il se remit en marche en direction de sa chambre et attrapa sa petite valise, dont il ne pouvait résolument se séparer. Il parcourut les corridors de l'école, ne se rappelant visiblement plus quelle classe était la sienne. Après plusieurs minutes, il finit par trouver cette classe. En regardant sa montre, il se rendit compte qu'il était arrivé à la minute même où le cours commençait. Il se dirigea d'un pas résolu vers une place située près d'une fenêtre. La lumière pourrait certainement l'aider à mieux se concentrer. Il ouvrit sa valise et en sortit un manuel d'histoire, qu'il n'avait pas encore eu le loisir de lire. C'est seulement là qu'il s'aperçut du nom écrit dans un coin du manuel: Vito Novelli. Ce devait être celui de son colocataire. Un sourire apparut sur le visage d'Amir, juste avant qu'il n'entame la lecture de ce recueil. Selon lui, le cours d'histoire serait probablement le plus facile: il avait vécu cette histoire. Il s'attendait à voir dans ces récits la conquête du monde par les efrits qui parcouraient le monde autrefois. Pourtant, il n'était aucunement mention de sa race. Pire encore, la date d'aujourd'hui était en 2012! Combien d'années avait-il dormi? Personne ne le lui avait dit... Ce premier cours serait beaucoup plus difficile qu'il ne s'y attendait. Il se résolut à écouter les enseignements de la professeure avec autant d'attention qu'il écoutait autrefois ceux de ses parents.

- Pour commencer, nous alloons tous nous présenter rapidement. Je suis donc Scarlett Yû, votre prof principale et d'histoire. J'espère que nous passerons une excellente année ensemble. J'aimerais que vous me remplissiez ces petits feuillets de renseignement, sachez que je serait la seule à les lires!

Alors ça allait être elle notre professeure principale? Elle avait l'air gentille et sympathique. Je suis certain que les élèves s'entendront bien avec elle, moi y compris. Cependant, elle semblait manquer d'assurance, ce qui est un assez gros défaut quand on fait de l'enseignement. De plus, elle était jeune et manquait d'expérience. C'était dommage, j'aurai aimé avoir un professeur plus âgé avec qui j'aurais pu avoir des discussions après les cours. Non mais sérieusement, si je m'étais tenu au courant de l'histoire moderne depuis toutes ces années, je pourrai carrément enseigner à sa place. Son jeune âge m'inquiétait quand à ses compétences. Mais bon, on ne peut pas non plus avoir tout ce que l'on veut dans la vie. J'étais déjà content que notre classe ait un professeur principale. Et de plus, qu'est-ce me disait qu'elle est vraiment si jeune? Après tout, les apparences peuvent être facilement trompeuses, j'en suis la preuve flagrante. Et peut-être est-elle extrêmement qualifié pour être une professeur. Au fond, ce n'était que moi qui m'inquiétait. Après tout, c'était ma premier cours depuis que j'étais arrivé, voir peut-être de toute ma vie entière. Il était donc tout à fait normal que je sois un peu nerveux et anxieux.

-Jó, nézzük meg ...

Je pris le feuillet et regardai les questions. Bon, mon nom et mon nom de famille. C'était facile. Je marquait donc Franz Korda. Bon, question suivante. «Quel âge as-tu?» Hum...je ne suis pas certain de ce que je devrais marquer. Marqué que j'ai 111 ans .veillerait trop les soupçons des autres. Mais marqué 15 ans... comment puis-je m'affirmer Austro-hongrois si je n'ai que 15 ans? Elle a dit que seulement elle lirai ces feuillets, mais ça m'inquiétait quand même quelque peu que quelqu'un sache mon âge, même elle. Les seule personnes qui étaient au courant était Shiro et Lao Lin, et c'était bien assez à mon goût. Je décidai donc de ne pas répondre à cette question. Celle-ci fut suivi de quelques questions banales comme nos goûts ou les activités que nous pratiquons. Des questions simples et faciles auxquelles je pouvais répondre sans aucun tracas. Puis-je tombait sur la question que je craignais plus que toutes les autres. «Quel type de créature es-tu?» Je m'étais douté depuis le début que cette question arriverait à un moment ou un autre. Bon, qu'est-ce que j'allais bien pouvoir marquer comme réponse. Je ne marquerai surtout pas liche. C'est mon secret que j'essais de garder pour moi. Cette pensée me fit réaliser que si Lao Lin l'avait découvert, c'était peut-être que ce secret n'était pas très bien gardé. Mais quand même, je ne pouvais pas le révéler. L'enseignante avait dit que seule elle lirai cela. Mais déjà, c'est beaucoup trop de personnes à mon goût. Cependant, je n'aime pas tellement mentir. Alors je marquait la seule chose qui était une vérité sans pour autant révéler la vérité sur ce que j'étais. J'écrivis donc nécromancien dans l'espace prévu à cet effet. Quand j'eus fini de remplir le feuillet, la professeure passait déjà pour les ramasser. Quand elle arriva à son bureau, je levai la main pour parler.

-Hum, excusez-moi mademoiselle Yû, mais nous venosn tout juste de vous parler de nous à-travers ces feuillets. Alors ne serait-il pas normale que vous nous parliez un peu de vous?

Vito se réveilla. Il ouvrit ses yeux ne voulant pas quitter sa couverture. Il regarda le réveille-matin. Il restait 15 minutes avant que le cours commence. Pour Vito, il restait assez de temps. Il ferma les yeux et se retrouva dans sa maison en Italie. Il y avait tous ce qu’il se souvenait. Les meubles, les chambres et surtout le jardin. Il y avait même la marre. Mais avec un détail changeant, il y avait Lao devant l’eau. Il sourit en la voyant. Il allait la rejoindre, mais une alarme sonna. Il se réveilla et vit l’heure. Le cour avait commencé depuis déjà trente minutes. Il sauta de son lit. Après un tour de téléportation, il était déjà habillé. Il fouilla dans le désordre qui était son bureau. Il ne trouva pas son livre d’histoire et de la même occasion son coloc. Bon, il était parti, sauf avec son livre. Mais, il apparu dans sa main quelque secondes après l’avoir réalisé. Il s’imagine la tête d’Amir dans son cour. Il arriva dans le cour d‘histoire en plein milieu de la classe. Il avait entendu Franz dire :

-Hum, excusez-moi mademoiselle Yû, mais nous venons tout juste de vous parler de nous à-travers ces feuillets. Alors ne serait-il pas normale que vous nous parliez un peu de vous?

La classe commençait à leur regarder. Il était arrivé au mauvais moment. Bon sa classe était bizarre. Pour résumer , il y avait un effrit maléfique qui lui sert de coloc, un nécromancien qui parlait comme un prince, une fille qui lui est complètement inconnue et un gars torse nu avec une aile. Au moins, sa prof principale avait l’air normale et même très jolie. Il dit pour détendre un peu l’atmosphère :

-Excusez-moi, j’avais pas mis mon réveil. Pour ceux qui le savent pas , je suis Vito Novelli.

Le jeune italien partit très vite à sa place. Il se fit apparaître un croissant qu’il dégusta à son bureau.

‘’Je crois que l’année va être longue, pensa-t-il.’’

[Pour l’ordre des posts, je suis après avec Franz?(réponse Mp)]

Le premier cours de l’année. Pourtant, même s’il n’était pas encore commencer, il s’ennuyait déjà. Il croyait qu’il allait pouvoir bouger, mais il devait être assis pour le cours. Il espérait que ce n’était pas le cas pour tous les cours, sinon ses jambes allaient bouger toutes seules. Quelle belle impression que de se lever durant un cours pour aller courir! La cloche retentit. Le cours débuta.

Après un certain temps, la porte s’ouvrit, laissant apparaître une fille qui ne lui était pas inconnue. C’était Zoey. Il se rappela les moments qu’ils avaient passés ensemble. Lorsqu’ils avaient discutés sur la véranda, le repas qu’elle avait cuisiné pour lui, la danse viennoise et puis le moment où elle avait pleuré. Il avait oublié la dernière partie. Maintenant il se devait de lui faire des excuses, car il lui avait probablement fait du tort, volontairement ou non. Elle alla s’installer au bureau à côté du sien.

- Hey tu t'souviens de moi ? Quelle question idiote ! Bien sûr que tu dois te souvenir de notre rencontre sur la véranda ! Dis, c’est quoi le sujet du cours ? Pas que j’sois paumée mais un peu quand même !

- Heu, le sujet du cours c’est… c’était quoi déjà? Ah oui, l’histoire.

Il devait ressembler à quoi maintenant? Il ne se souvenait même plus de son cours. Il faut dire qu’il n’y faisait pas très attention et dorénavant il devait passer pour un crétin.

- Excusez-moi, vous arrivez déjà en retard donc je vous prie de ne pas perturber la classe. Veuillez remplir cette fiche s'il vous plaît!

Après tout ce qu’il avait fait à Zoey, il fallait en plus qu’elle soit avertie par la professeure par sa faute. Il allait vraiment devoir lui proposer ses excuses.

- Zoey, dit-il une fois que la professeure était un peu plus loin, je voudrais m’excuser pour la dernière fois dans la cuisine et pour l’avertissement que tu viens de recevoir. Je sais que je ne suis pas le garçon parfait, mais je fais de mon mieux pour ne pas être le pire. Malheureusement, je ne sais simplement pas parler de la bonne façon avec les autres.

C’était fait. Son cœur était maintenant soulagé d’un fardeau. Il devait maintenant se concentrer sur le cours. Il regarda la feuille qu’on avait placée devant lui. Des questions? Pourquoi fallait-il écrire sa vie sur papier? Ce n’était pas comme si sa vie était secrète. Mais il fit comme demandé et inscrivit les réponses aux questions. La porte s’ouvrit une nouvelle fois, laissant place à un jeune homme cette fois. Contrairement à la première fois, la personne qui entrait lui était inconnue. Il finit de répondre aux dernières questions puis remit la feuille à la professeure. Franz dit ensuite qu’elle devrait se présenter. Si la tentation de se présenter avait été présente chez elle, c’est la première information qu’on aurait entendu, mais cela l’intriguait beaucoup de connaître la professeure.

Elle attrapa la fiche en affichant son plus beau sourire à la professeur et observa le papier qu’elle devait remplir. La femme la mit en garde mais elle ne s’en soucia guère. Elle prit son stylo et essaya de remplir les blancs demandés. Malheureusement, elle avait du mal à répondre étant donné qu’elle ne se souvenait guère de sa vie d’antan. Concernant la profession des parents, elle barra la mention. Pour son âge, elle le connaissait. Elle n’avait pas quinze ans comme Amy mais bel et bien une année de plus. Elle passa à la suite, lorsque la feuille lui demandait sa date de naissance, elle passa jusqu’à finalement atterri à la question qui demandant ses projets d’avenir. Des projets ? Aucun. Elle écrivit juste qu’elle ne savait pas quoi faire dans le futur – si avenir il y avait pour elle – et se leva pour rendre sa feuille à la professeur. Elle balaya d’un geste les pitoyables excuses du garçon assit à côté d’elle.
La porte s’ouvrit, quelqu’un entra. Elle soupira en allant se rasseoir. « Peut pas être à l’heure comme tout le monde ? » songea-t-elle. Elle n’était pas non plus un modèle en matière de ponctualité ; avec ses vingt minutes de retard, elle aurait mieux fait de faire profil bas. Elle retourna à sa place.

- Hum, excusez-moi mademoiselle Yû, mais nous venons tout juste de vous parler de nous à travers ces feuillets. Alors ne serait-il pas normal que vous nous parliez un peu de vous ?

Elle tiqua à cette phrase. Ce garçon avait tout simplement raison. Elle approuva d’un hochement de tête, se balançant sur sa chaise d’avant en arrière. Elle déglutit alors en se rendant compte qu’elle était la seule demoiselle de sa classe. Il faut croire que tout le monde n’était pas encore là. Sans doute certaines morveuses séchaient-elles volontairement le cours. Elle doutait que sa classe soit aussi réduite, même si le nombre au lycée était limité. Elle se balança tant qu’elle finit par se renverser de sa chaise. Elle atterrit au sol dans un grand fracas. Maintenant, elle était fichée, de par sa professeur et de par ses camarades de classe. Elle commençait bien l’année. Elle se releva en époussetant ses fringues, redressa la chaise et se rassit comme si de rien n’était, levant les yeux au ciel avant de finalement dire :

- Le rouquin a raison. Nous, on vous a livré une partie de nous-même à travers ces feuilles. Alors vous pourriez être sympa et faire la même chose et donc répondre aux mêmes questions stupides : famille, situation actuelle, date de naissance, la raison qui vous a poussé à faire ce boulot. Bref, toutes ces questions que vous nous avez imposé !

Elle garda son calme pendant toute sa tirade. Si elle avait mentionné le garçon de « rouquin » c’était pour la simple et bonne raison qu’elle ne connaissait pas son prénom. Sans doute les présentations avaient été faites pendant qu’elle courait pour rattraper son retard. Ensuite, si la grande blonde regardait avec attention sa feuille, elle se rendrait alors compte que le beau discours que venait de faire Zoey ne concernait en rien la jeune fille. Elle n’avait rien rempli – ou presque – de la feuille blanche. Pas par flemmardise mais tout simplement par amnésie. Si elle avait pu, sûre qu’elle aurait recouvert ce blanc immaculé de sa fine et belle écriture noire. Ses lettres arrondies auraient alors dansé sous la mine de son stylo mais rien de tout cela n’était arrivé.
Elle contempla alors le tableau noire dépourvu de tout symbole lui faisant face. Aucune impureté ne venait troubler l’innocence de cette surface semblant s’étendre sans fin. La surface noire contrastait à merveille avec le blanc de la craie si fine, presque poussière, s’égrenant entre les doigts du professeur. La mine courait sur l’ombre, offrant une magnifique opposition de clarté et de ténèbres aux spectateurs assis au premier rang. Plusieurs rangées vrillaient leurs yeux immenses et épris de savoir devant cet acteur au museau allongé et au corps si plat. Ces mille yeux paraissaient comme hypnotisés par cet acteur central. Il était le maître du cours. Tous les bavardages, tous les murmures un tant soit peu discrets lui parvenaient aux oreilles. Il savait tout.
Elle finit par lever la main puis demanda finalement :

- Un cours d’histoire, d’accord. Mais c’est quoi le sujet du jour ?

Assister à ces cours l’ennuyaient. D’autant plus qu’elle connaissait déjà le programme. Bien sûr, cela n’était sans doute pas les mêmes choses que l’on enseignait aujourd’hui. Entre de nos jours et l’époque à laquelle elle avait vécu, quelques années s’étaient écoulées. Pourtant, elle faisait acte de présence, aussi étrange que cela puisse paraître. Le monde avait évolué. Mais pour comprendre le présent d’un pays ou d’une civilisation, il faut d’abord se plonger dans son passé. Voilà pourquoi elle était là aujourd’hui.